Un ticket pour l’enfer

• DÉFI SABLIER #1 • (5)

Presque deux heures d’attente.

C’est le prix à payer pour subir une torture. Plus exactement, pour grimper sur cet engin de l’enfer, ces wagons qui ne mènent qu’à une direction : la mort.

Vous n’avez sûrement pas pu échapper à cette triste condamnation, poussé par des amis, ou pire, par notre fierté intérieure. Vous observez le chemin d’en bas : il n’a pas l’air si long ni si haut. Lorsque l’engin passe au-dessus de vous et que les rails tremblent, vous prenez votre sang-froid en affirmant que ce n’est rien. Deux heures d’attentes pour laisser la peur s’approcher innocemment.

Et puis il y a ce doute : dans quel état vont me découvrir mes amis à la sortie ? Seront-ils si indulgents ? Seront-ils aussi forts ? Car il faut savoir s’affirmer.

Enfin, c’est notre tour. Des passeurs nous ouvrent les portes et nous font monter dans l’engin. Une ceinture et une barre vous clouent contre un siège au confort moindre. Il est dit que c’est par pure sécurité. Mais cela nous garde prisonniers de la torture ; impossible de fuir à présent.

Le crissement des roues contre les rails ressemble davantage à un hurlement alertant. Bien sûr, tout est calme pour tracter l’engin vers le haut. Un grandiose spectacle attend le spectateur, plus pour le tromper que le détendre. Une brise caresse nos joues, taquine. Elle ricane doucement de ce qui nous attend. Mes mains se crispent sur la barre que je souhaite desserrer à tout prix.

Mais je n’en ai pas le temps : le wagon apparaît au sommet de la fragile construction. Il n’y a qu’un couinement ; et si tout s’écroulait ?

Et c’est la chute. Plus rien pour arrêter l’enfer. Un cri jaillit de centaines de gorges tandis que mon estomac décolle à des kilomètres au-dessus de ma tête. Le traître. La descente est si longue qu’il me semble vraiment pénétrer la terre pour retrouver les enfers. Une décennie s’écoule.

Avant que l’engin ne resurgisse. Vers une nouvelle pente.

La torture ne se finit plus entre virages et pentes. Mes globes oculaires dansent dans leurs orbites. Vais-je m’évanouir ? La pression de l’air semble si lourde ; mais c’est nous qui allons trop vite.

Enfin, le freinage brutal. Mon front qui manque de percuter l’avant du wagon. Doucement, il poursuit sa route pour déposer ses passagers pour certains tremblants, pour d’autres, perdus dans l’euphorie de l’instant.

Une seule pensée. Je suis vivante.

Mes jambes manquent de me trahir à leur tour tandis que je chancelle vers la sortie. J’observe le visage de mes amis. Ouf, je ne suis pas la seule.

Dehors, vous prenez un grand coup d’air frais. Le soleil vous paraît presque amical malgré la grande chaleur ; il est la preuve que vous vivez toujours.

C’est alors que vous entendez les paroles que vous espériez ne jamais entendre :

« Alors, on recommence ? »

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Un petit texte qui se veut humoristique sur mes expériences de la veille.

Auriez-vous saisi de quoi il est question ? Si oui, êtes-vous plutôt de ce type, ou du type « sans peur » ? Auriez-vous d’autres expériences à raconter sur des peurs que vous trouvez ridicules ? Lâchez-vous en commentaire !

En espérant que cette courte lecture vous aura amusé 😉

La Plume Messagère

3 réflexions sur “Un ticket pour l’enfer

  1. Hahaha j’ai bien cru que ce train allait réellement en enfer ! A chaque fois que je me trouve dans cette situation, je me met à cogiter ( paniquer plutôt) et me dis  » mais pourquoi ai-je accepté de payer pour me faire subir ça ?  » Mais je recommence (presque ) toujours 😉

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