Chacun son rythme !

• DÉFI SABLIER #1 • (1)

Comme vous l’avez compris de l’un de mes derniers articles, j’ai tenté de participer au Nanowrimo.

Je dis « tenté ». Car bien sûr, j’ai également échoué.

Je ne dis pas qu’écrire 50 000 mots en un mois me serait tout à fait impossible – je pense qu’au contraire, nous pouvons nous en donner les moyens. Cependant, cette expérience de « privilégier la quantité à la qualité » m’a laissée sur une profonde lassitude et un profond dégoût. Je me suis sentie « forcée » de jeter pèle-mêle des mots sur un document dans le seul but de dénicher la gloire d’avoir produit autant si vite, « forcée » de me convaincre que j’en étais satisfaite. Je n’en étais pas du tout satisfaite. Le quotidien me rattrapant de plus, j’ai été découragée de prendre le temps pour écrire et ce, pendant presque deux semaines.

Toutefois, cette expérience m’a permis d’ouvrir les yeux. Non pas de savoir que je préférais la qualité à la quantité (ce que j’ai toujours su), mais de savoir que ce n’était pas grave de préférer ainsi.

Le duel quantité VS qualité

Vous me direz sûrement « mais bien sûr que ce n’est pas grave ! Où est le soucis ? » A cela, je répondrais que les écrivains de mon genre témoigneront certainement d’un même sentiment d’infériorité à l’égard des écrivains qui privilégient la quantité.

Il va sans dire que séparer les auteurs en deux catégories serait tomber dans les extrêmes – après tout, le rythme d’écriture est propre à chaque auteur. Mais il y aura toujours ceux pour privilégier la quantité à la qualité, et ceux pour adopter le travail de qualité plutôt que de quantité. Voilà cependant les idées que pourraient donner ces deux catégories :

Écrivain de quantité
  • Écrit par plaisir de coucher sur feuilles des idées et histoires plein la tête
  • Ecrit généralement sans beaucoup d’effort et sans se fatiguer
  • Produit rapidement (ex : 2 000 mots en l’espace d’une heure)
  • Publie beaucoup (sur des plateformes d’écriture, par exemple)
  • Peut travailler sur plusieurs projets à la fois sans perdre le fil
Écrivain de qualité
  • Ecrit pour le plaisir de la langue
  • Se fatigue souvent à lire et relire
  • Produit lentement (ex : 1 000 mots par heure)
  • Publie moins souvent (sur une plateforme d’écriture, un livre par an, avec un peu de chance…)
  • Éprouve des difficultés à s’égarer sur différents projets puisque la qualité nécessite une concentration particulière sur un projet en question.

D’un certain point de vue, j’ai toujours pensé qu’être « écrivain de quantité » simplifiait beaucoup les choses et permettait un certain confort dans l’écriture. Pire, je pensais que je n’étais pas apte à me désigner en tant qu’ « écrivaine » du fait de ma lenteur de production.

« Les vrais écrivains sont capables d’écrire vite. » 

« Les vrais écrivains publient beaucoup d’ouvrage. »

« Tu dois écrire plus vite. »

Voilà ce que je me répétais souvent. Evidemment, j’étais loin de m’imaginer que ces pensées toxiques seraient le moteur même d’une lenteur plus vivace puisque, découragée, je ne prenais plus le temps d’écrire.

Ce n’est pas faute de prendre son temps

Prendre son temps n’est pas une faute. Nous le savons déjà bien souvent, mais le répétons nous assez ? Nous n’avons pas le même rythme ni les mêmes besoins. Si j’écris, c’est pour l’amour des mots avant même le plaisir d’imaginer. Je ne suis pas une machine – ce qui m’en oppose, c’est bien mon cœur. Mais comment faire s’exprimer ce cœur si je décide tout à coup l’écriture automatique ?

Encore une fois, je ne crache pas sur l’écriture automatique – certaines personnes se débrouillent parfaitement ainsi, même si j’ai tendance à ne pas trop apprécier ce genre de lecture. Je condamne plutôt la culpabilité que l’on peut parfois se permettre pour nous retrancher dans une direction qui n’est pas la notre. Il n’y a pas de « plus » bon ou de « plus » mauvais écrivain. Nous avons tous nos qualités, tous nos défauts : un écrivain de qualité avancera avec lenteur, mais son travail satisfera les plus grands amoureux de la langue. Un écrivain de quantité produira beaucoup, mais négligera quelque peu la langue pour un texte clair et concis, pour satisfaire le lecteur rêveur.

Toutefois, rappelons également que « mon » temps n’est pas pour autant invariable. Avec la pratique, le rapport entre temps et progression peut s’améliorer ! Je sais, pour ma part, qu’en l’espace de cinq ans j’ai doublé de vitesse.

Le tout, c’est de prendre le temps

Le vrai soucis n’est pas d’essayer d’aller le plus vite possible. C’est de trouver et s’accorder tout le temps nécessaire à l’écriture !

Ainsi, si vous tenez absolument à progresser, allez-y à votre rythme tout en prenant le temps nécessaire.

Pour les écrivains comme moi, je conseille de tenir un rythme le plus régulier possible (par exemple, quinze à trente minutes par jour minimum) afin que votre concentration soit facilitée. N’hésitez également pas à relire ce que vous avez écrit la veille, le retravailler. Personnellement, je ne peux continuer un texte si son début paraît torchon.

L’importance de se féliciter

Ce point est particulièrement essentiel pour ne pas se décourager. Si à la fin de la journée, vous n’avez atteint que 250 mots ou que vous n’êtes pas parvenu à remplir votre objectif des 1 000 mots, félicitez-vous. Regardez cette avancée, même de quelques mots, et félicitez-vous; le lendemain, vous recommencerez. Si vous ne le faites pas, le risque est de ralentir davantage votre progression : vous perdrez confiance en vous et vous laisserez facilement filer vos heures d’écriture pour d’autres occupations moins culpabilisantes. Conclusion : progression 0.

250 mots par jour reste une progression.

De plus, vous pouvez vous féliciter d’avoir écrit telle quantité temps. Vous avez essayé, qu’importe si vous avez vraiment réussi ! Vous poursuivez ce projet qui vous tient tellement à cœur; c’est cela le principal.

Tout ce que je viens de rédiger me paraît si naturel ! Et pourtant, la veille encore, je me persuadais de ne pas être une écrivaine de taille puisque je n’écrivais pas suffisamment. Je voyais ces écrivains sur mon fil instagram terminer ce défi du Nanowrimo comme d’un tour de manche et viser des chiffres extravagants. Je me noyais dans une culpabilité sans limite, et ce depuis bien des mois – je pense que c’est d’ailleurs  la raison pour laquelle je n’avance plus depuis Juin.

Pourtant, j’ai eu comme un réveil il y a quelques jours. Alors que d’autres occupations moins culpabilisantes me tentaient, je me suis résolue à retoucher à ce vieux document, L’Oiseau en Cage (que je pensais d’ailleurs clore cet été même !) J’avais, grâce à l’unique jour consacré au Nanowrimo, terminé la première partie de ce roman (environ 30 000 mots environs) et j’avais dans l’intention de réviser cette dizaine de chapitres avant de poursuivre sur la deuxième. Et devinez quoi ? Une heure entière s’est écoulée sans même que je ne me rende compte. Une heure entière pour me replonger dans le premier chapitre, caresser mes premières phrase, tester leur solidité puis les retaper si nécessaire. Une heure entière de plaisir, à goûter à mes mots puis à de nouveaux. Je n’ai pas beaucoup avancé, mais je peux dire que j’étais satisfaite d’avoir passé tant de temps en une soirée sur ce manuscrit. Le jour suivant, j’ai été encouragée à poursuivre.

C’est ainsi que j’aimerais travailler : trouver le temps nécessaire sans forcer mon rythme. J’ai beau être lente, vouloir réécrire, c’est ainsi que je fonctionne et c’est ce qui me fait plaisir.

Et vous ? Quel est votre rythme ? En êtes vous satisfait ? Comment trouvez-vous le temps nécessaire à l’écriture ?

Dans la hâte de découvrir vos réponses,


7 réflexions sur “Chacun son rythme !

  1. Tellement d’accord avec ce qui est écrit ! Je ne suis pas un grand fan du suivi du nombre de mots comme indicateur pour suivre ma progression, j’ai d’ailleurs écrit un article sur le sujet…j’écris dans l’énergie et le plaisir. L’essentiel est de créer une forme d’habitude, un entraînement qui rendra chaque séance plus facile ou plus efficace, mais toujours avec plaisir.

    Aimé par 1 personne

    1. C’est ça !
      Personnellement, j’aime tout de même garder une certaine progression car cela m’encourage de voir que j’avance, même avec le peu de mots que j’écris. Cela me permet aussi de voir comment s’est déroulé la session d’écriture : si elle a été plutôt fluide ou si, au contraire, j’ai dû prendre le temps de réfléchir aux mots que je souhaite utiliser.
      Merci d’avoir lu ! 🙂

      J’aime

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