La Violence & l’Ecriture

• DÉFI SABLIER #1 •

Une chose est certaine : la violence est belle et bien présente dans notre littérature. Parfois, de manière discrète et futile… d’autres fois, la violence nous tombe comme des bombes.

La question à se poser est la suivante : en tant qu’écrivains, que devons-nous en faire ? Quel chemin prendre à son égard ? Comment réagir de manière juste ?

Peut-être que vous êtes du type à ne pouvoir vous passer de violence. Peut-être, au contraire, la fuyez-vous à tout prix. Quoi qu’il en soit, acceptez-vous et écoutez-vous. Ecrivez d’abord ce que vous voulez dire, vous.

 

La violence dans la fantasy

Cela me tue que de voir de la violence éclater à travers des pages et des pages de descriptions.

L’on m’a bien souvent répété, « la violence est clef dans la fantasy, c’est ce qui plaît au lecteur » et « tu ne peux écrire un roman de fantasy sans le doucher de guerres sanglantes et de personnages sans merci. »

A cela, je veux crier un grand NON. Non, la violence n’est pas caractéristique de la fantasy ni même inévitable. La violence est-elle importante dans les œuvres Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll et Narnia de C.S Lewis ? Non ! Pourtant, ce sont des œuvres clefs de la littérature de fantasy !

Si vous ne désirez pas décrire de la violence, ne vous forcez pas. Selon moi, mieux vaut un bon ouvrage qui sait manier simplement le sujet, qu’un ouvrage débordant d’une description à faire fuir.

 

Ne décrivez pas – suggérez

Votre véritable allié, ce n’est pas le champ lexical le plus intense et répugnant qui puisse exister pour décrire la violence. C’est l’imagination même de votre lecteur.

Choisir de se taire, selon moi, c’est respecter son lecteur. C’est lui laisser une place et un rôle dans l’histoire en lui offrant la possibilité d’imaginer la scène comme il le souhaite, avec ses propres limites à ce qu’il saurait y voir ou non. Si vous faites tout le travail d’imagination à sa place, le lecteur ne saura plus quoi faire de votre récit. Que ce soit de la violence ou une simple description, sachez que tout n’est pas à dire – restez succinct et clair.

Vous aussi avez également le droit d’imaginer toute l’horreur qui hante vos idées. Mais ne tentez pas de l’imposer au lecteur !

Petite astuce : les descriptions les plus réussies et violentes que j’ai pu lire optaient davantage pour le silence. Pourquoi ? Parce que la violence ne s’arrête plus à une chaîne de mots qui tentent de la définir. Elle est libre et n’a plus l’obstacle de la page pour nous pénétrer. Chaque mot, que l’on perçoit alors mieux puisque bien distingués et peu nombreux, est comme un poignard dans le dos. Ce n’est pas un pavé de description qui a le plus d’effet : ce serait omettre le pouvoir du mot, lui-même.

 

Bannir la violence ?

Là encore, ce serait partir dans un extrême… Au contraire, l’idée de violence peut nous être très utile. Et c’est parce qu’elle est bien réelle dans notre quotidien que nous éprouvons souvent le besoin de l’exprimer.

Si vous écrivez un roman qui condamne la guerre, vous serez forcés d’opter pour quelques passages de description intense (mais à prendre avec modération – la violence n’est pas utile dans tout votre roman). Votre but ne sera alors plus de faire travailler l’imagination de votre lecteur, mais de rendre l’idée de la guerre répugnante à ses yeux. Par là, vous ne répondez à aucun plaisir.

 

Choisir son public

Si vous souhaitez à tout prix décrire indéfiniment de la violence dans vos écrits, je vous supplie de veiller au public que vous visez. Demandez-vous : aurais-je permis à mon « moi » jeune de lire cela ?

Il n’est pas impossible d’écrire pour un public plutôt adulte – après tout, il y a bien des lecteurs qui souhaitent réellement être douchés de violence et d’horreur… Mais comme tout, il faut faire un choix : vais-je écrire pour ce petit public seulement, ou vais-je freiner mes ardeurs pour intégrer un public plus grand encore et ainsi toucher un plus grand monde avec les messages que je souhaite adresser ?

 

Que pensez-vous de la violence dans vos lectures et la littérature en général ? Pensez-vous qu’il vaut mieux taire ou exprimer ? Vous arrive-t-il d’écrire sur la violence ? 

 

La Plume Messagère


3 réflexions sur “La Violence & l’Ecriture

  1. Exposé très intéressant. C’est vrai que j’ai toujours du mal à décrire une scène violente (comme tu l’as dit sans être la clef du fantasy il en faut quand même un peu). Avec le temps, je pense que j’arrive tout de même à trouver un équilibre mais j’ai surtout du mal avec les scènes où le machiavélisme humain s’exprime (tentatives de meurtre, pièges, trahisons…). Est-ce que tu penses qu’on doit appliquer les mêmes règles à ces sujets qu’à la violence ?

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    1. Je comprends…
      Oui, tout à fait ! Cela peut aussi s’appliquer à l’érotisme et tout autre sujet plus ou moins sensible… Je prépare d’ailleurs un article sur les vilains dans un roman, peut-être que cela t’intéressera 😉
      PS : ta remarque va me permettre de te guider un peu mieux dans tes manuscrits !

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