Les « clichés » dans la fantasy

• DÉFI SABLIER #1 •

Souvent, lorsqu’un écrivain se jette dans la fantasy, il commet l’erreur de s’appuyer sur les œuvres les plus connues tel que le Seigneur des Anneaux. D’ailleurs, la plupart vous le conseilleront : si vous écrivez de la fantasy, inspirez-vous de ce que vous lisez !

Mais il y a une différence entre l’inspiration et le plagiat. Aujourd’hui, beaucoup trop de livres se modèlent sur ses grands classiques pour gagner son lectorat et la fantasy ne se développe plus vraiment. Il reste figé dans tous ces clichés qu’on en a et je trouve cela bien triste !

Il est certes impossible de se détacher totalement de tous ces clichés, mais les éviter est pour le mieux. Autrement, il est possible de s’en inspirer et les modifier à notre guise pour qu’ils s’imprègnent de notre propre style. Je vous propose donc d’en faire un rapide tour pour interroger les idées de votre roman et vous aider à trouver l’originalité.

 

 

1# La magie

  • La magie n’est pas sans coût (jusque-là, rien d’anormal) : elle fatigue son utilisateur, perte de force qui peut mener à la mort. Cette idée est la pire, car je l’ai retrouvée dans presque toutes mes lectures ! Il n’y a aucun mal à donner des limites à sa magie (c’est même conseillé… sinon, quel intérêt si l’on peut briser chaque obstacle ?) mais il est possible d’en imaginer d’autres. Par exemple, chaque utilisation de la magie pourrait soustraire la vie d’un innocent (ce qui fait donc interroger l’utilisateur sur l’importance de la magie et le poids des conséquences) ; ou bien, elle pourrait faire perdre le sens à son utilisateur pour un temps ; elle pourrait avoir des effets sur la santé, rendre les cellules cancérigènes, etc.
  • La magie se distingue. Oui, car il faut bien la « bonne » et la « mauvaise » magie… Rares sont les ouvrages où la magie n’est ni bonne ni mauvaise. C’est ainsi que le méchant se retrouve avec la « mauvaise magie » (une magie ancienne et gardée secrète pour la protection du monde) et le gentil avec la « bonne magie » pour le battre. J’aimerais voir un roman où la magie est égale et les personnages ni bons ni mauvais, avec simplement des intérêts opposés…
  • La magie n’est pas à la portée de tous. Quelle injustice ! Cela nous fait donc une école ou une guilde d’« enfants différents ». Et pourquoi donc le héros aurait-il droit à des pouvoirs infinis tandis que son ami n’a rien et est donc très limité ?

 

 

2# Les créatures

  • Dans une bonne œuvre de fantasy, il nous faut des elfes, des nains, des dragons et des fées. C’est malheureusement un mensonge auquel beaucoup croient ! La raison est simple : ils apparaissent dans les grands titres de fantasy. Pourtant, il n’y a rien de mieux que de créer sa propre création, la rendre inédite et originale.
  • Les créatures sont souvent représentées avec, d’un côté, beaucoup d’imperfections (ex. : les nains ou créatures maléfiques), et d’un autre, beaucoup de perfection (exemple : les elfes et les fées). Je n’ai que rarement vu un bon équilibre. De plus, les créatures profitent souvent de plus grands talents que les humains, les idéalisant.

 

 

3# Le décor

  • J’ai remarqué dans de nombreux livres l’inspiration tirée droit du Moyen Âge (les châteaux forts, combats d’épée, chevauchée…) À vrai dire, cela nous rappelle les légendes arthuriennes, légendes clefs dans la fantasy. C’est d’ailleurs ce que l’on appelle la « médiévale fantasy » et est un genre à part entière. Pourtant, on trouve tant ce genre à profusion que je ne peux m’empêcher de le considérer comme un « cliché ».
  • Chaque milieu caractérise également un peuple, qui en retour ne quitte jamais son milieu. Ainsi, les nains occupent les montagnes, les elfes les forêts, et les humains les plaines.

 

 

4# Le protagoniste

  • Le protagoniste doit avoir de l’importance et doit se détacher par sa supériorité: soit, une créature méconnue, peut-être la dernière de son espèce. Soit, un humain qui n’est autre que l’élu d’une prophétie et se différencie donc de ses paires. Là, je vois souvent le problème : comment le lecteur peut-il s’identifier à un être si supérieur à lui-même ?
  • Cette différence et ce rejet que subit le protagoniste sont d’ailleurs souvent reniés. L’élu ne veut pas avoir affaire avec cette prophétie ; la créature regrette ses caractéristiques si étonnantes.
  • Pour la plupart, ces protagonistes sont jeunes (dans leur adolescence ou leur vingtaine) et ne connaissent pas encore les vraies faces du monde (souvent décrites comme très sombres).

 

 

5# Le méchant

  • C’est une force obscure et très ancienne qui s’opposera au protagoniste. Un « surêtre » qui semble imbattable, mais qui finira tout de même par être occis, et le monde sauvé.
  • L’ennemi n’est autre que l’incarnation du mal, une créature encapuchonnée dont on ne connaît le vrai nom. Muni d’une cruauté sans bornes et inexplicable, ce méchant cherche la destruction de la vie et le début de son règne.
  • Le méchant réclame la vengeance à l’encontre du héros qui serait parvenu à réunir (malgré lui) tous les désirs de gloire et de richesse du vilain.

 

 

6# La culture

  • Beaucoup d’auteurs aiment créer des langues pour leur univers. Cela donne effectivement plus de vraisemblance, mais étrangement tous les personnages se comprennent malgré tout…
  • Souvent, la description de violence est jugée essentielle (sûrement pour exciter d’une certaine manière les lecteurs…). Cela peut passer par des combats d’arène ou des seigneurs qui passent leur temps à se guerroyer. Comme je l’ai dit dans cet article, la violence n’est pourtant pas obligatoire, et encore moins dans une oeuvre de fantasy.
  • Les hommes/peuples vivent dans le désordre et agissent sous des clans ou des guildes. Décidément, ce monde de « créatures quasi parfaites » est rendu foutu par la présence humaine.

 

 

Vous comprenez, je me suis bien moquée de tous ces points, mais ce sont des clichés qu’il m’arrive moi-même d’en user. Le tout est de trouver la sagesse qui vous aidera à en user parcimonieusement et astucieusement. 

 

La Plume Messagère

5 réflexions sur “Les « clichés » dans la fantasy

  1. Excellent, je suis d’accord avec toi, ces clichés rendent la fantaisie parfois immature! Là ou je te suis moins , c’est sur la question de l’élu : au contraire, faire de l’élu un pauvre être méprisé de tous permet l’identification mais aussi le fantasme du lecteur qui se dit que n’importe quel être moyen peut révéler de grands pouvoirs et changer le monde! (ce qui ne veut pas dire que j’approuve ce cliché mais je comprends son succès). Enfin, il y a ce monomythe dont use et abuse.

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  2. Ah oui, mais je trouve que le monomythe relève plus du fantasme d’adolescent. Il y a pas tant de mythes que ça qui reprennent le topos élu qui ne veut pas l’¨être/mentor/méchant etc. Ca n’existe vraiment que depuis Tolkien(à ce point) même si il l’a repris dans les légendes arthuriennes( AArthur/Perceval avec Merlin le mentor etc). Il n’ y a pas ca dans les Mille et une Nuit, l’Iliade , l’odyssée, même dans la légende de Niebelungen! Et ces récits sont bien plus cruels !

    Aimé par 1 personne

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