
De plus en plus d’auteurs que je suis sur les réseaux sociaux s’engagent dans la voie de l’auto-édition et la défendent fièrement. Au risque de me faire lyncher, je me jette à l’eau de ce grand débat pour vous partager mon point de vue sur les différentes questions (car il s’agit bien d’un ensemble de problèmes à résoudre).
Avant de commencer, sachez que je veux partager cet avis dans le respect de tous et que je ne vous pointe en aucun cas personnellement. Ce que je pointe, ce sont mes déceptions de l’auto-édition.
Je n’ai jamais parcouru ce chemin par moi-même et en suis très peu convaincue par la réussite, du fait de l’expérience d’autres auteurs que j’ai pu écouter, et de mes propres lectures d’œuvres publiées en auto-édition. C’est vilain et c’est triste, mais la vérité est telle : je n’ai jamais trouvé un seul livre en auto-édition qui ne m’ait pas déçue.
D’où vient la déception ?
Les raisons sont simples :
- Certains auteurs cherchent à publier pour la quantité de leur production, et non la qualité. C’est un droit que je respecte totalement, même si elle s’oppose à ma vision de l’écriture. Ceux qui lisent ce blog depuis un moment sauront que je suis assez sévère dans mon jugement pour la qualité d’un livre qui, selon moi, est essentielle. L’écriture est un art avant tout, il faut savoir s’en souvenir.
- D’autres aiment toucher à tout et c’est pourquoi ils se lancent dans l’auto-édition. Mais à moins de vraiment en prendre le temps (des années plus que des mois) ils ne pourront parfaire tant leur livre que sa mise en forme et sa relecture. Selon moi, un écrivain ne peut tout faire par lui-même et c’est pour cela que les Maisons d’Édition (bien que, malheureusement, elles ne le fassent pas toujours…) doivent pouvoir apporter leur soutien. Encore, la qualité passe parfois à la trappe.
Quels sont les risques de l’auto-édition ?
Le plus gros risque, selon moi, c’est de ne pouvoir sortir de cette masse de livres produits en un rien de temps. Vous aurez beau avoir accompli un travail soigné, un livre de qualité, si vous n’avez l’argent ni le temps de vous occuper de votre propre pub, personne ne vous lira. Pire encore, beaucoup de lecteurs comme moi ne chercheront même pas à creuser dans cette masse de livres à cause de la déception de leurs premières lectures.
Beaucoup d’auteurs auto-publiés éprouvent d’ailleurs cette colère, tout à fait juste : celle de se voir tagué de l’étiquette du « mauvais écrivain », voire du « faux écrivain ». Car pour le lecteur, il est important de pouvoir s’appuyer sur la confiance des éditeurs envers les auteurs qu’ils publient pour choisir ses meilleures lectures. Sans l’approbation d’un professionnel, comment savoir si ce livre sera bon ?
Si vous ne pouvez faire tout le travail de mise en forme (ce qui est tout à fait normal !), il va vous falloir dépenser. Et pas qu’un peu ! Tout est à votre compte et, si vous êtes de ceux qui refusent obstinément de déverser ainsi votre argent, votre activité ne démarrera jamais tout à fait.
Le risque est également de se fatiguer. Car même après publication, il reste énormément de travail : trouver son lectorat, booster ses ventes, etc. Finalement, l’aventure d’un livre ne s’arrêtera jamais et continuera peut-être de vous peser.
Qu’en est-il des conséquences ?
Ce qui m’inquiète, c’est ce qui adviendra lorsque tous les auteurs ne se rangeront plus qu’à la solution du géant Amazon. Cela signifiera que beaucoup perdront leur emploi, notamment ceux qui auront fait tout un parcours d’étude avec passion pour travailler en maison d’édition, ou partager leur goût pour la lecture dans une librairie.
C’est en partie pour cela que j’ai enterré mes rêves de travailler dans les métiers du livre qui, j’en suis sûre, ne feront que dégringoler dans les prochaines années.
Alors pourquoi l’auto-édition ?
Beaucoup d’auteurs choisissent ce chemin tout simplement parce qu’eux aussi ont été fermement déçus, voire blessés par leur expérience en maison d’édition : droits d’auteurs quasi nuls, une pression hors-norme, parfois même du harcèlement. On le sait tous : en France, les artistes sont très mal reçus, car le gouvernement n’en a que faire d’eux. Le dernier président à avoir d’ailleurs investi dans les arts est Mitterrand, me semble-t-il (imaginez, je n’étais alors même pas née !)
C’est de ce rejet dont souffrent ces artistes qui finissent par se retrousser les manches et se faire leur propre chef, vivre de leurs seuls efforts. Ce n’est pas ainsi que cela devrait fonctionner.
Il faut également reconnaître que l’écrivain est un artiste qui, souvent, aime bien toucher à tout. L’auto-édition leur permet une plus ample liberté de mouvement et un large panel d’activités.
Je suis écrivain, quoi qu’en disent les autres
Un autre débat qui circule en ce moment et qui ne va que plus me coûter est celui-ci : les écrivains auto-édités fonctionnent sur l’idée que tout le monde a le droit d’écrire et que nous-mêmes sommes les seuls à nous définir.
Ce n’est pas mon avis.
Peut-être que cela agit comme un effet de mode qui invite chacun de nous à nous définir à notre loisir. Mais selon mes valeurs, je ne peux me définir comme je le veux.
Étant croyante, je m’appuie beaucoup sur l’identité que Dieu me donne avant tout : je suis son enfant. Être écrivaine n’a jamais été ma première identité et je ne pourrais me définir que sur cette simple base. Je peux toutefois recnnaître ce caractère parce que d’autres m’ont reconnue comme telle et parce que j’ai la ferme conviction que Dieu a mis avec assez de confiance la plume entre mes mains pour que je réalise quelque chose pour sa gloire, aussi maladroite que je puisse être.
De même, comme vu en cours de philosophie, ce que nous pensons de nous-mêmes dépend du regard de l’autre. Par exemple, si vous vous définissez comme courageux, c’est parce que l’on vous reconnaît comme tel. Cet autre n’est que plus essentiel pour l’écrivain, car c’est lui qui permettra de faire vivre son travail.
PS : je tiens à préciser que je n’ai jamais aimé la philo. Malgré quoi, je ne peux que donner raison.
Vous avez le droit de vous considérer comme des écrivains. Mais est-ce vraiment une réussite si personne d’autre ne vous considère comme tel ?
Au risque de paraître dramatique, je ne peux que conclure de la sorte : il n’y a pas de solution idéale. L’auto-édition est loin d’être un chemin aussi évident que beaucoup le pensent, de même que de plus en plus de maisons d’édition troquent leur rôle de protecteur de l’écrivain pour celui du trompeur.
Des livres pourris, on en trouvera partout, même dans les maisons d’édition. Mais la chance est plus grande d’en trouver dans l’auto-édition, quoi que l’on puisse en dire.
L’auto-édition n’est pas mauvaise en soi. Mais il est l’objet d’un choix important de la part de l’auteur, en connaissance de toutes les conséquences et de ses propres capacités. Je ne pense pas pour ma part avoir la trempe nécessaire pour m’y tenter. Comme je l’ai dit, pour moi le soutien et l’accompagnement est vital et je ne pourrai jamais tout accomplir par mes propres et maigres moyens. Toutefois, je conçois que l’on ne sait jamais quelles conditions l’avenir nous donnera de vivre et peut-être n’aurais-je alors d’autre choix que de suivre tous ces auteurs désespérés…
Je suis d’accord avec toi sur les déceptions de l’auto-édition, et qu’il est important d’avoir des avis extérieurs et de bonnes ressources pour avoir un livre de bonne qualité. Je pense aussi qu’avec internet, la popularité de l’auto-édition est inévitable, et que des écrivains utilisent ce moyen à cause des nombreux refus des maisons d’édition; c’est une voie plus accessible. Si le livre auto-édité a bien été relu et qu’on y voit vraiment de la sincérité, je ne vois pas de problème; dans ce cas, l’écrivain n’aurait plus forcément à passer par une maison d’édition comme avant. Mais comme tu l’as bien écrit, il y a des conséquences et il va y avoir un grand changement dans secteur de l’édition et du livre. Je suis un peu triste aussi en sachant que les métiers du livre seront instables, l’idée de travailler dans une librairie ou une maison d’édition me faisait rêver aussi ^^
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L’auto-édition n’est pas qu’un lieu de déception, je pense qu’il faut savoir où trouver le livre qui ne possède aucune erreur et qui a été bien travaillé. Malheureusement, en tant qu’AE, moi-même, j’ai vu des gens se prétendre en AE en écrivant des livres à la vitesse de l’éclair, les publier sans même les relire. Ne mettons pas tout le monde dans la même catégorie ! C’est comme tout, il y aura toujours un bon plombier et un qui est mauvais, ce n’est pas pour autant qu’ils sont tous nul.
Pour ce qui est des métiers du livre, il n’y a pas de souci à se faire. L’économie du monde de la littérature est stable. Amazon a boosté les Maisons d’éditions et certains AE, qui utilisent Amazon, finissent par signer chez de grands éditeurs. L’AE peut être vu comme un tremplin ! Un livre qui fait du bruit par la seule force d’une personne attire les éditeurs qui voient là une occasion car cela signifie : lectorat, travail minime à faire (réduction des coûts)… Chaque année, rien qu’en 2020, de nouvelles maisons d’éditions naissent de la volonté d’un auteur issu de l’Auto Edition ou d’une grande ME, avec pour unique objectif : dénicher les perles littéraires partout.
Le souci est le manque d’ouverture des éditeurs à des thématiques spécifiques. Bien que si tu leur demandes, ils te diront que tu es dans leur ligne éditoriale, quand la réponse te dira l’inverse, tu ne vas quand même pas réécrire ton idée juste pour plaire ? L’AE permet d’aborder des thèmes dit « TABOU », c’est une petite libération, et honnêtement, je serai curieuse de voir comment vont réagir les deux gros éditeurs qui détiennent les plus grosses part du marché français…
Quant au statut d’écrivain, ça ne s’acquiert que lorsque les autres te définissent ainsi, c’est un fait. Je pense qu’il faut bien travailler pour l’obtenir, obtenir une bonne communauté et surtout être édité(e) hors des plateformes gratuites (Wattpad…)
Bien entendu, il ne s’agit que de mon humble avis, Nawen :3
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Je ne crois pas que les métiers du livre vont disparaître au profit d’Amazon… Le circuit « traditionnel » du livre jouit quand même d’un certain prestige, bien installé en France. Et beaucoup de lecteurs rejettent ce géant à l’éthique discutable (dont moi, je l’avoue).
Je crois qu’on est un des pays avec le plus de librairies indépendantes, et ça ne m’étonnerait pas que ce soit la même chose avec les maisons d’édition.
Je partage en partie ton avis sur l’AE, mais tu sembles dresser un portrait plutôt sombre des éditeurs, et même si je n’ai qu’une vision extérieure, j’ai quand même l’impression que beaucoup d’éditeurs sont passionnés et exercent leur travail d’accompagnement avec soin. Faut pas les voir comme des ennemis, ils sont sensés être les partenaires des auteurs… Et puis, c’est normal qu’ils refusent des manuscrits, ils en reçoivent tellement 🙄
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Je viens de passer par l’auto-édition, et j’en ressors profondément déçu et meurtri. J’estime avoir été purement trompé .Je suis d’accord avec ce qui est dit par g.e Dixon. Dès le départ, je me suis aperçu que nous étions des milliers à vouloir s’ auto éditer et que beaucoup resteraient « sur le tapis », et j’en suis! Et ce ne sont pas pas toujours ceux qui ont du talent qui réussissent à percer…Il faut être fort en communication, marketing et être multi-réseaux sociaux. …Dans ces conditions celui qui est un véritable écrivain digne de se nom, qui a un réel talent ne réussira pas s’il se sent incapable de gérer tout cela; Le site d’auto-édition que j’ai contacté proposait un menu à la carte foisonnant que je trouvais déjà cher pour ce que j’ai retenu . si j’avais pris toutes les options (aide aux salons , ou représentativité dans les grands magasins, etc…il y en avait pour au moins 6000 euros alors que mon premier livre (un petit roman de 130 pages) ne pouvait être vendu très cher (11 euros 90) . Je reproche à cette société d’auto édition de m’avoir laissé croire que , débutant, mais bon écrivain (je n’ai eu que des éloges par le peu de lecteur) je pouvais sortir du lot alors qu’ils ont admis sortir 5 à 10 livres/ jour soit 1500 à 3000 par an. Leur blog précise d’ailleurs que 1 sur 50 sera remarqué par les maisons d’édition. Autant avoir affaire à elles directement quitte à se voir refuser le livre (au moins l’on ne dépensera rien en cas de refus). De plus, il est de bon ton de penser qu’une maison d’édition sélectionnera les livres par la qualité de l’écrivain. L’ auto-édition est un leurre et n’assure absolument pas que les livres vendus soient de qualité.
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Par l’auto-édition tout est à faire . L’auteur devra dépenser beaucoup d’argent, avant même d’avoir du résultat, s’il n’ est pas « armé » pour faire de la communication lui même, c’est à dire s’il ne sait pas utiliser les outils de communication. J’en ai fait les frais. Je crois pouvoir dire que mon premier roman sportif était un bon livre, étant donné les très bonnes remontées.A aucun moment la société d’édition que j’ai consulté ne s’est préoccupée de savoir si je souhaitais publier un livre occasionnellement, et ne pas faire « carrière » et n’ a pas donné un avis préalable… Ce n’est pas leur rôle , puisqu’ils sont là pour engranger des commandes . C’est toute la différence avec les maisons d’édition qui ne retiendrons pas votre livre (à compte d’éditeur s’entend) s’il n’est pas valable , et qui s’occupent, en principe , à compte d’éditeur toujours, de la promotion. J’ai beaucoup démarché, comme je l’ai pu, avec le peu de connaissance des réseaux sociaux que j’ai, Décevant
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Bonjour,
Et merci pour cet éclairage sensible sur le monde de l’auto édition.
Je crois que si beaucoup d’auteurs choisissent l’auto édition c’est aussi parce qu’ils se sont vus refusés leurs manuscrits par de vraies maisons d’éditions. Alors, l’auto édition est la solution, la porte de sortie qu’on se choisi parce qu’on veut absolument laissé un trace ou créer un objet de ce qu’on a fait, quelque en soit la qualité. Alors, oui, il faut passer à la caisse et tout faire soi même en matière de vente, de communication, de promotion… L’auto édition, c’est un bizness.
C’est pourquoi, comme vous le souligner, il y en a privilégie l’aspect industriel en auto éditant à tire-larigot au mépris de la qualité, juste pour occupé l’espace.
Certains, motivés ou chanceux, s’en sortent bien. D’autres, une grande majorité, galèrent… Fréquentant souvent des festivals littéraires en province, je vois que beaucoup d’auteurs ont des quantités impressionnantes de livres auto édités à vendre sur les étals. Et ils vont, de salons en expos, avec leurs caisses d’invendus… C’est comme une brocante qui n’en finit pas…
Moi, étant auteur, j’ai démarché plusieurs vraies maisons d’édition, connues ou confidentielles, avec un recueil de poésie que j’ai écris sur le monde ouvrier, un livre conceptuel en trois parties. La plupart du temps, je n’ai pas eu de réponse ou que des refus… En conséquence, même si ça ne m’a jamais tenté, je commence à réfléchir à l’auto édition moi aussi, simplement parce que j’aimerai voir réaliser ce livre, en faire un bel objet réel. Même si je sais qu’en France le marché des ventes en matière de poésies sont quasi inexistantes, même si je sais que ça risque d’être galère, j’y réfléchis. Et en même temps, à vous lire, je me dis à quoi bon… Je ne sais pas.
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