Mes erreurs de débutante

• DÉFI SABLIER #1 •

Avec beaucoup de honte, mais également beaucoup d’humour, les auteurs aiment généralement livrer leurs premières erreurs aux moins confirmés pour dédramatiser leurs difficultés à écrire. Si je vous rapporte mes expériences de l’instant, je remarque que celles de mes premières années d’écriture passent facilement à la trappe. J’ai donc décidé d’y consacrer tout un article.

J’ai commencé à écrire très tôt, alors que ma main serrant mon crayon était encore bien maladroite, mais la tête débordante des histoires que l’on me lisait le soir. Pour tout vous dire, je présentais ma première création à ma mère affairée dans sa cuisine, du haut de mes six ans. Je suis tout bonnement incapable de me rappeler sa réaction, mais l’histoire de mon papillon ne devait rien avoir de très captivant… Après tout, que peut-on vraiment demander d’une enfant ?

Après quoi, j’écrivis mes débuts d’histoires dans un petit cahier usé – en séjour à la poubelle depuis belle lurette. N’étant pas dotée d’une imagination incroyable comme beaucoup d’écrivains, je me cantonnais à écrire les aventures de personnages qu’il m’arrivait de lire, ou de voler les idées de mes lectures – peu nombreuses alors. Oui… Car l’innocence d’un enfant ne lui permet pas de saisir le mauvais du plagiat.

Ce n’est pourtant que plus tard que je commençais concrètement à écrire – je ne démarrai alors pas avec le plus simple, mais le plus attrayant : les romans. Je crois que c’est pour cela qu’aujourd’hui je me sens bien plus à l’aise à monter toute une intrigue de roman qu’à écrire une simple nouvelle, du théâtre ou de la poésie ! Quoi qu’il en soit, le début du collège se résuma en le démarrage de ma nouvelle carrière, l’écriture.

À cet âge, il est encore difficile d’écrire – bien que possible. Je n’ai donc fini mon premier roman qu’à l’âge de 14 ans. Bon, à vrai dire, je suppose que c’est déjà pas mal…

Un roman terminé signifie-t-il pourtant perfection ? Non, loin de là ! Mon cheminement jusqu’à présent s’est trouvé semé d’embûches, d’échecs et d’erreurs. Des erreurs que je vous propose de découvrir, en compagnie d’une bonne tasse de thé – ou de ce qu’il vous semble bon de boire ou de grignoter.

Un plan absent

Plus tard, je découvris en moi un écrivain ordonné qui ne peut s’élancer avec quelques idées en tête. Si je voulais donner un point final à mon récit, il me fallait alimenter mon imagination en amont et penser chaque chapitre avant même de les écrire.

La plupart des auteurs me qualifieront « d’architecte« , même si c’est un terme avec lequel je ne suis pas très à l’aise – contrairement à tous ces architectes, je n’aime pas préparer chacun de mes personnages et univers, par exemple, mais plutôt les découvrir avec le premier jet.

Je vous laisse imaginer mes cuisants désespoirs lorsque, à quelques chapitres seulement du point final, je cessais tout à coup de trouver mon chemin dans cette jungle qu’est l’écriture et devait alors tout recommencer à zéro ! Frustrant.

Des lacunes en vocabulaire

Du fait de mon jeune âge, mon vocabulaire n’était pas bien élargi et invitait sans vergogne toutes les répétitions. Je tentais déjà de jouer avec les métaphores, mais mon style restait bien pauvre, car je n’avais pas vraiment une matière avec laquelle jouer et modeler mon récit.

Je dirais que mon vocabulaire n’a commencé à s’élaborer qu’avec mon entrée au lycée, époque à laquelle je me dirigeais avec une nouvelle curiosité vers la lecture classique. C’est elle qui m’a permis de découvrir et de me donner le vocabulaire nécessaire, même encore aujourd’hui ! Nous l’oublions souvent, mais la langue française est jonchée de mots et d’expressions, aux sens plus ou moins singuliers et précieux pour le jeu des auteurs. Mais encore faut-il les trouver.

Vouloir trop en dire

Là, je pense, était la plus grande difficulté. Je voulais toujours tout dire, tout décrire, au point de rendre la lecture de mon roman très lourde... Des adjectifs par là, des descriptions à foison… Le lecteur n’a alors qu’une envie : dire stop !

Je ne m’en suis d’ailleurs rendu compte que par leur effort de lecture. Aujourd’hui, en relisant ces manuscrits, je me cache le visage de honte. Tout est à remanier…

Je vous le dis : ne tentez pas de tout écrire – c’est tout bonnement impossible. Ne faites pas tout le travail et laissez au lecteur le choix d’imaginer et de rêver à votre place. Maniez l’art de la suggestion, des silences qui ont bien plus d’effets qu’une kyrielle de mots désordonnés.

Voilà ma petite astuce pour éviter de trop en dire : si vous pouvez supprimer quelques mots ou phrases sans que cela ne dégrade la clarté du récit, faites-le. C’est qu’ils sont vains et inutiles, si ce n’est pour alourdir votre texte et désoler vos lecteurs.

D’une scène à l’autre

Un autre point que je cherche à travailler aujourd’hui est ma manière d’enchaîner les scènes. À l’époque, mes romans ressemblaient davantage à un amalgame de scènes, aux transitions quasi inexistantes. Je détestais écrire pour décrire et ralentir le rythme. Pourtant, dans une histoire, il existe tant de scènes d’actions que de scènes plus lentes, plus reposantes pour le lecteur.

De paire, mes fins de chapitres – contrairement aux débuts, que j’adorais écrire – ne donnaient pas particulièrement envie de tourner la page, car rien ne les liait au prochain chapitre ! Chaque chapitre avait sa propre histoire, aurait-on pu dire, qui ne se finissait qu’en ce même chapitre.

Aujourd’hui, j’ai compris que le point de vue externe ne me convenait pas du tout – difficile alors de lancer une description ou le résumé d’une transition captivants. Je préfère user d’un narrateur omniscient – moi-même, en l’occurrence – pour parler de faits et d’anecdotes aux pointes d’humour, assaisonner mon texte et lui donner du volume.

La demi-négation

Car après mon passage, celle-ci a bel et bien existé. Je ne saurais l’expliquer, mais j’étais fâchée avec les « pas », livrant les « ne » à eux-mêmes. Cette demi-négation n’a pourtant rien de bon, pas même celui d’alléger son texte – comme je le croyais – et de lui donner meilleure allure.

Je crois que j’ai encore du mal avec les « pas » – ils sont trop négatifs pour la fille négative que je suis – mais j’ai fini par les accepter et les intégrer à mon récit. Bienvenue aux phrases moins bancales…

Il y a sûrement beaucoup d’autres erreurs à énumérer, mais voici celles qui me paraissaient les plus importantes. Et vous, quelles étaient les vôtres ? Qu’éprouvez-vous à leur souvenir ? Hâte de vous lire ! 


3 réflexions sur “Mes erreurs de débutante

  1. ton article est touchant 🙂
    De nombreuses erreurs de mon côté aussi, bien sur, et je te rejoins par exemple sur le manque de plan, qui lors de mes premiers écrits, m’a découragée comme toi ! au bout d’un moment le récit ne se tenait plus et j’était très frustrée de recommencer, je paniquais. Du coup, j’abandonnais . Mais l’important est de constamment s’améliorer 😉
    Je me reconnais aussi dans le début de ton article : moi aussi je faisais découvrir mes histoire à ma mère, vers le même âge, mais elle était assise à son bureau et écoutait patiemment ^^
    Qu’est-ce qu’on est bizarre quand on est enfant :p

    a bientôt

    J’aime

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