
Depuis septembre, je m’efforce avec plus ou moins de bonne volonté à réécrire mon dernier roman, L’Oiseau en Cage. La reprise n’a pas été évidente avec la mise en repos de deux mois pour mon manuscrit, mais je suis tout de même parvenue à me replonger progressivement dans cet univers, et ce, grâce à une méthode que je tente aujourd’hui.
Voir ma dernière expérience de l’écriture de ce roman au travail d’un défi hebdomadaire.
Autrefois, l’écrivaine peu expérimentée que j’étais se jetait tête baissée dans la réécriture de ses œuvres. Les conséquences en étaient lamentables : insatisfaction, découragement face à l’ampleur de la tâche, relâchement.
J’ai alors compris qu’il me fallait considérer cette étape sous un regard plus mathématique et échelonner mon travail. Le but n’est plus d’acquérir une correction parfaite sous un seul passage, mais de pratiquer plusieurs relectures à différents niveaux.
Ma méthode est très personnelle, c’est pourquoi je ne la conseille pas nécessairement. Toutefois, espérant qu’elle puisse vous inspirer à votre tour, je vous la partage volontiers.
Lecture
En effet, la première étape ne considérera pas de « relecture », mais une lecture.
Comme dit plus haut, j’ai éprouvé quelques difficultés à reprendre les rênes du récit et toute attention portée à la forme de mes phrases ne rendait l’essai que plus vain. J’ai alors cessé de noter mes erreurs et maladresses pour prendre mon roman non plus sous le regard de l’auteur, mais celui du lecteur.
J’étais loin d’imaginer la nécessité de cette étape… car elle a bien fonctionné !
L’exercice était très simple : s’armer de son kindle, pour lire de la plus confortable des façons, et d’une bonne tassé de thé fumante – bien que je doive en limiter ma consommation pour un manque de fer dans le sang – puis dévorer son bouquin. Autrement dit, le lire avec l’appétit du bon lecteur.
Certes, les erreurs sont présentes et peuvent nous faire tiquer ! Mais le lecteur auteur voit également autre chose, qui lui aurait sûrement échappé sur une phase de correction : toutes les pépites que rescellent ce premier jet. Une phrase superbe ? C’est un délice pour le regard ! Une scène bien décrite ? La fierté rugit en nous.
Pourquoi est-ce essentiel ? Simplement, car il nous permet de renouer avec les plaisir de l’écriture avant d’attaquer la tâche ardue. De mon côté, j’ai pu également remplir mon esprit de l’entièreté de mon histoire, qui avait été très lente à la construction.
La lecture n’était toutefois pas tout à fait passive : mon carnet d’écriture ne traînait jamais bien loin. Un important problème à relever ? Je le notais aussitôt pour y réfléchir plus tard. En somme, il me fallait m’interroger davantage sur le fond que sur la forme.
Relecture
Cette fois, cette phase ne s’effectue pas sur kindle, mais directement sur mon ordinateur ! Il s’agit de relire son texte, après l’avoir lu une première fois et donc d’avoir tous les éléments en tête.
Pour ce faire, je ne modifie que peu mon texte – seulement quelques coquilles ou termes qui ne se correspondent pas. Maladresses et lourdeurs d’expression sont surlignées en fonction d’un certain code-couleur pour me permettre de les retrouver plus facilement et de les corriger plus tard.
Je peux également décider de couper des phrases ou de supprimer des éléments s’ils ne sont pas pertinents au récit ou si certaines idées ont été abandonnées.
Enfin, il m’arrive de démarrer une certaine « réécriture » si j’ai le sentiment de pouvoir résoudre quelque chose : il s’agit particulièrement de développer son récit par des descriptions ou l’ajout d’idées pour lui donner plus de volume et donc d’intérêt aux yeux du lecteur.
Voici le code couleur que j’utilise :
- Rouge : phrase maladroite à reformuler nécessairement
- Bleu : quelque chose me titille, est-ce à modifier ?
- Vert : les répétitions à évincer
- Violet : les phrases ou passages retouchés qu’il me faudra relire pour valider
L’utilisation des commentaires est aussi utile pour partager mon ressenti de la lecture de façon plus spécifique et détaillée.
Réécriture
C’est le temps de la correction, celle que tout écrivain redoute. Car modifier, c’est être conscient des conséquences qui en découleront. Il faut être sûr de ses choix.
C’est justement ce à quoi me servent les annotations : ils sont la justification et de ces choix ou le démarrage d’un réflexion sur un conflit dans le récit. L’étape peut-être longue, lèvres pincées et les méninges à toute allure – il faut aller au-delà du problème.
Parfois, quand il n’y a pas de solution, reste le résultat de la suppression. Puis, écrire à nouveau.
Le fait de souligner les modifications importantes à opérer sur mon texte me permet de ne pas avoir à le relire dans son entièreté, et donc, gagner en efficacité. Lire moins, c’est aussi moins se fatiguer, tant psychologiquement que physiquement – mes yeux sont particulièrement sensibles à l’écran.
Généralement, l’écrivain évite d’y passer trop de temps sans se consacrer les pauses nécessaires. Je sais qu’une à deux heures de corrections intensives me sont particulièrement énergivores et il me faut donc pouvoir étaler mes sessions de réécriture.
Souvent, j’alterne entre relecture et correction pour reposer mon cerveau.
Bêta-lecture
La dernière étape est de partager son texte, non plus avec ses proches, mais avec de plus grands lecteurs qui sauront me guider dans les nouveaux choix de modification à prendre.
Cette étape a également ses obstacles : il faut pouvoir trouver des lecteurs sûrs qui pourront consacrer du temps à l’ouvrage. Or, le temps est toujours difficile à trouver pour l’homme – moi d’abord.
Si je n’en trouve pas… Il ne me reste plus que l’avis des maisons d’édition elles-mêmes, ma foi !
Si cela vous intéresse, je penserai à rédiger des articles plus complets sur ce dernier sujet, notamment la manière dont on pourrait choisir ses bêtas-lecteurs.
Quelle sont vos habitudes de réécriture ? Suivez-vous un schéma particulier ? On se retrouve la semaine prochaine pour visiter cinq erreurs qu’il m’arrivait autrefois de commettre !

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