Réécriture – Quand tout est à revoir…

Je viens de finir la réécriture d’un projet de longue date – L’Héritage d’un monde – et dont le premier jet avait été rédigé trois ans auparavant… Je ne pensais finalement jamais arriver à entamer cette réécriture tant il me semblait à y revoir et si loin le style semblait-il correspondre à mon actuelle plume ! Pourtant, après plusieurs essais, j’ai enfin su trouver les clefs – des clefs finalement plus mentales que techniques.

Car bien qu’une bonne méthode puisse aider à la réécriture, comme ce fut le cas pour mon dernier roman L’Oiseau en cage, il faut pouvoir également accepter le chemin que nous fait prendre cette réécriture : un chemin de transformation plus ou moins frappante.

Pour consoler les auteurs appréhensifs de leur réécriture, je vous partage cette dernière expérience qui a été pour moi merveilleuse et efficace : l’affaire était bouclée en trois mois ! Comme quoi, avec les bons outils et une bonne approche, même ce qui semblent les plus pénibles tâches trouvent leur démêlé.

La réécriture, une étape inévitable

Je ne dis pas que la création spontanée ne peut être possiblement réussie. Seulement, dans un large projet comme le roman, cette fiction qui nécessite une construction complexe de l’intrigue et souvent une préparation en amont, il serait bien difficile d’épargner un premier jet de quelques erreurs, que ce soit d’incohérence, de maladresses d’expressions ou d’un manque évidemment de développement.

Une négligence de l’étape de la réécriture se ferait alors facilement ressentir lors de la publication – si l’œuvre en question a passé l’auto-édition – et serait moins bien considéré par les Maisons d’Editions – même si, là encore, on exigera de vous d’autres réécritures plus spécifiques à leurs demandes…

En somme, il faut pouvoir voir la réécriture pour ce qu’elle est et demande vraiment, et la considérer sous le regard de votre propre plume et de vos besoins. En effet, j’ai pu observer par le passage de la réécriture de « L’Oiseau en cage » à celui plus conséquent de « L’Héritage d’un monde » que chaque réécriture exprime des besoins différents en fonction de l’étape de maturation où se trouve votre projet – j’en parle davantage au point suivant.

La réécriture ne doit pas faire peur, mais doit être prise avec beaucoup de fermeté et résolution. Cela m’attriste de voir combien d’auteurs appréhendent cette étape ! J’y prends, personnellement, tout autant de plaisir que lors de la rédaction du premier jet et pense ce plaisir un moteur important à la réussite – j’en parle dans les erreurs à éviter en réécriture.

Voici donc une liste de raisons qui devraient vous pousser à considérer un peu plus la réécriture :

  • La réécriture est une belle étape car elle nous permet de renouer avec notre histoire et nos personnages, comme un créateur à sa création.
  • La réécriture est encore une belle étape au point de vue de ce qu’elle apporte : un beau peaufinage et embellissement de ce que vous avez déjà pu concevoir !
  • La réécriture, si bien effectuée, renforce le pouvoir d’appât de votre roman auprès de votre lecteur.
  • La réécriture, enfin, nous rappelle la valeur de notre travail et notre besoin d’y prendre soin – conservez l’estime de votre roman !

Voir mon article de conseils sur les 5 erreurs à ne pas suivre en réécriture

Maturation

De ce fait, plus qu’un réel embarras pour l’auteur, la réécriture est un superbe tremplin vers la maturation tant de notre œuvre que de notre plume d’auteur !

La maturation, comme dans tout, n’a rien d’étranger au travail de l’artiste ; elle est même nécessaire à sa progression et au développement du style et des idées de cet artiste. La maturation, faite d’expériences et de discipline, pourrait même s’avouer la clef ouvrant à la porte de l’inspiration qui nous résiste un peu trop !

Du fait du commencement de mon entreprise à un âge relativement jeune, je peux témoigner de l’importance et inévitabilité de la maturation – encore heureux ! Il arrive que certains projets doivent reposer pour un temps avant de subir une réelle réécriture (comme ce fut le cas pour « L’Héritage d’un monde ») car nous n’avons alors pas la maturité nécessaire pour l’entamer – cela est le cas parfois aussi des premiers jets. Si frustrant, il faut pouvoir s’armer de patience, car le résultat en vaut bien la peine…

Un autre exemple serait mon roman pour adolescents « Remous » – si j’ai passé cette étape de la folie de jeunesse, je ne ressens pas moins le besoin de mettre ce projet de côté, n’ayant pas toutes mes clefs en main pour présenter mon roman sous la meilleure des formes, c’est-à-dire, celle qui saurait le mieux parler à mon lecteur. Mon premier jet, bien que depuis longtemps fini, ne verra donc pas sa réécriture de si tôt en attendant la réunion de toutes les idées nécessaires…

Laissez faire le temps et les choses. Si une réécriture vous bloque plus qu’autre chose, c’est peut-être que vous avez encore à recevoir et à voir avant de pouvoir pleinement l’entamer. Profitez-en alors pour vous tourner vers d’autres formidables projets, plus accessibles à votre plume et envie !

Transformation

De la maturation de l’œuvre – et de nous-mêmes – découlera une transformation plus ou moins complète de votre ouvrage. Là est un processus tout à fait naturel – mais un processus également difficile à accepter…

En effet, qui aime les grands changements ? Dans notre société du confort, un bouleversement comme celui du Covid apportera ses touches d’angoisses. De même, il n’est pas rare qu’un écrivain se ronge les ongles à l’idée de toucher et transformer sa précieuse petite création.

Nous avons tant éprouvé à rédiger ce premier jet que nous ne pouvons concevoir ces efforts vains et une transformation totale de son roman. Car, parfois, la réécriture se résume à cela : couper, retranscrire, redévelopper. Autrement dit, on pourrait croire qu’il ne reste rien de ce premier jet

C’est ce sentiment qui a joué un important blocage à mes premiers essais de réécriture – car il m’a fallut trois essais avant de trouver la bonne voie ! Il me fallait accepter et chercher à ne pas « tout garder », bien au contraire. La forme avait un grand besoin de réécriture, pas seulement dans la correction, mais plutôt dans la reformulation. Le fond avait beaucoup du bon, mais nécessitait certains développements et une réorganisation des idées. Lourdes tâches en perspective !

Lorsque, finalement, j’ai décidé de cesser de « retaper » mon texte et plutôt de m’en inspirer, cela a été le déclic. Après la rédaction de « L’Oiseau en cage », j’avais gagné une certaine aisance à l’écriture – aisance qui s’est retranscrite dans cette réécriture quasi-totale de « L’Héritage d’un monde ». Je ne conservai alors que de rares tournures de phrases qui auraient pu faire ma fierté et réécrivait le reste, équipée seulement des premières idées. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, cette nouvelle rédaction est bien plus rapide et efficace que la tentative de « réarranger » sans grande satisfaction son premier jet.

Alors, rappelez-vous en : votre texte subira sa transformation, qu’elle soit plus ou moins frappante. Laissez donc pousser cette nouvelle plante en utilisant les graines de la précédente, mais ne cherchez pas à faire revivre une plante déjà morte…

Un temps pour tout

Eh, oui, comme le dit le si bon proverbe, il y a un temps pour tout – surtout en réécriture ! Le travail par étapes, lorsque tout est à revoir, est essentiel si l’on ne souhaite pas s’y perdre ou simplement trop se décourager sous la charge de travail. Croyez-moi, je l’affirme en connaissance de cause…

Un peu comme lors de ma réécriture de « L’Oiseau en cage », je vous propose donc de découvrir quelles ont été les étapes suivies pour ma réécriture de « L’Héritage d’un monde » :

  • Lecture : cela commence assez similairement, avec la lecture de mon manuscrit – préférablement sur liseuse – sous le regard d’un lecteur lambda. J’accompagne cette lecture de la note de mes impressions pour chacune des parties du récit et réfléchis aux manques de mon intrigue – car j’ai souvent un souci de développement…
  • Suppression : vient ensuite la plus terrible épreuve de la réécriture, celle du désherbage complet de son roman. Tout ce qui ressemble de près ou de loin a une mauvaise plante doit être déraciné au plus vite ! Comme je l’ai dit, pas évident d’abandonner ce premier jet, mais cette étape est nécessaire pour la réorganisation de ses idées et l’aération de son texte. Que ce soient des détails inutiles, des passages entiers, il ne faut pas hésiter à supprimer si le besoin s’en fait ressentir. N.B : pour rendre cette épreuve moins difficile, pensez à garder une trace du précédent jet ; ainsi, vous ne le quittez pas tout à fait…
  • Réécriture du plan : j’ai l’habitude de suivre un plan d’écriture par chapitres. Le réécrire pour avoir en tête les idées et passages à ajouter au premier jet m’est bien utile, mais si pas forcément nécessaire. Cela résout surtout la crainte d’éventuelles incohérences laissées ou l’oubli de ses nouvelles idées
  • Réécriture : cette fois, pas besoin de code couleur puisque tout est à réécrire ! Personnellement, travailler chapitre par chapitre – voire épisode par épisode – m’aide à ne pas trop me décourager. Je prends alors le passage à réécrire sur un document vierge et réécris à la suite ce passage en ne gardant que les idées nécessaires. Dans cette réécriture, il ne faut pas oublier tout le développement des nouvelles idées, ou l’approfondissement de plus vieilles…

Voir mon précédent article sur ma méthode de réécriture

Avez-vous déjà été confronté à ce souci de devoir « tout revoir » dans votre roman ? Comment vous y êtes-vous pris ? Quel rôle pensez-vous que la maturation y aurait pu avoir ? J’ai hâte de connaître vos propres expériences et ressentis de la réécriture ! J’ose espérer que cet article vous aura toutefois motivés à voir cette fameuse réécriture sous un meilleur jour et à l’accomplir avec plus de plaisir que vous n’en auriez partagé !


4 réflexions sur “Réécriture – Quand tout est à revoir…

  1. Merci pour cet article 😀 Effectivement, la réécriture est également une affaire d’état d’esprit (et peut-être surtout ? Je n’ai pas encore assez de recul ahaha). J’aime beaucoup tes notions de transformation et de maturation … on reste humain et on peut avoir tendance à s’accrocher à son texte sans vouloir le reprendre en profondeur, mais s’il en a besoin (et c’est quasiment tout le temps le cas) c’est le mieux pour lui. Facile à dire, pas facile à faire ;p Je n’ai pas tout compris à ton process de réécriture : tu réécris complètement tous les passages ? 😮

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour tes encouragements et ta lecture 😉
      Haha, cela dépend des projets et ce dernier demandait effectivement une écriture complète après avoir traîné plusieurs années dans la poussière… Je n’ai conservé que les idées ou à la limite les phrases et paragraphes dont je pouvais être fières, car reflétant déjà bien mon idée ; sinon, le reste est parti pour une reformulation totale.

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  2. Salut Gwen, effectivement la réécriture peut paraître un travail énorme (et il l’est !). Je suis en plein dedans avec un livre de plus de 250 pages et j’ai parfois du mal à trouver le courage de continuer. Il faut TOUT reprendre, enlever des scènes, changer quelque fois le scénario, ajouter ou supprimer des personnages, faire un personnage principal plus profond avec du relief. J’ai été beaucoup aidée par la série de vidéo « la page blanche – saison 2 » du Youtubeur Le Tropeur. Il aborde des sujets dont je n’avais jamais entendu parler jusqu’à présent et c’est très intéressant. Je suis actuellement entre le moment où on change tout et en même temps on voudrait tout garder… Pas facile mais on y croit ! Tu as raison sur ce qui concerne la maturation, je vois une large (et appréciable) différence 🙂
    Bref, merci pour ton article et bon courage pour la suite.
    @+

    Mélosy

    Aimé par 1 personne

    1. Hello, merci pour ta lecture 😉 Je ne connais pas du tout la chaîne que tu cites, je vais aller la découvrir. Très bon courage à toi pour la suite ! Tu es toujours sur ta série de fantasy ?

      J’aime

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