Votre avis sur l’auto-édition – Le lecteur

Il y a quelques semaines, on commenta sur mon avis sur l’auto-édition, publié il y a maintenant un an sur mon blog. Il y avait, dans ce commentaire, le ressenti d’une trop mauvaise expérience qui s’était conclue dans la déception. Loin de tirer une quelconque fierté de la reconnaissance de mes propos, ce commentaire m’a beaucoup attristée ; je me suis alors demandée : est-ce là l’expérience partagée de beaucoup d’auteurs détrompés ?

J’étais là sur une piste de réflexion intéressante – trop pour l’abandonner ! Je décidai donc de dresser un questionnaire à l’intention tant des auteurs publiés par ce moyen que des lecteurs, pour connaître l’avis global de chacun, que je proposai par la suite sur les réseaux. Si je ne m’attendais qu’à peu de réponses, je suis toutefois stupéfaite de ces quelques commentaires, parfois mitigés, et qui m’ont permis d’en connaître un peu plus sur ce moyen dont je n’ai jamais moi-même parcouru les dédales.

Oui, de multiples formes de déception ont pu alors s’exprimer – pour autant, ce n’était pas sans dénoter la lueur d’espoir qui poussait tous ces auteurs à tenter l’auto-édition.

Je vais développer tout cela en deux parties : d’abord, en proposant l’avis des lecteurs, puis plus spécifiquement le partage des expériences des auteurs. Ici, ce n’est non plus mon avis qui compte – bien que je me permette de commenter chacun des points dressés : seul votre avis importe, aussi nuancé puisse-t-il paraître.

La lecture de livres auto-édités

De manière assez générale, la plupart des lecteurs ont déclaré ne lire que rarement des livres parus en auto-édition. Certains n’affichent pas particulièrement de préférence et défendent en lire tout autant que des livres publiés en édition traditionnelle. Moins nombreux, d’autres lecteurs cherchent à encourager ce moyen en en faisant leur première cible de lectures.

Comme je m’y étais attendue, la plupart de ces lectures ne sont découvertes que par le biais des réseaux et beaucoup moins par l’information de bouche à oreille. Ce qui est sûr, c’est qu’aucun lecteur ne présente une envie particulière de se laisser surprendre, en se saisissant les livres auto-édités comme au petit bonheur la chance. Alors qu’on éprouverait moins de réticences à piocher des livres en librairies, une attention particulière est relevée pour le choix des livres auto-édités.

Par ailleurs, aucun des lecteurs n’a reconnu ne pas connaître les auteurs qu’ils lisaient ; il fallait les avoir rencontrés d’une certaine manière, encore au travers des réseaux où les auteurs peuvent afficher à loisir leur vraie personnalité et ainsi lier les premiers contacts auprès de leurs lecteurs. Un quart de ces lectures se constitue également au moyen des amitiés. En somme, pas question de ne pas savoir à qui nous avons affaire ! Nous donnons-nous autant la peine de connaître un auteur publié en édition traditionnelle ?

Sur la question des prix, les avis sont assez mitigés : selon certains le rapport qualité/prix est plutôt satisfaisant. Pour d’autres, les auteurs devraient revoir un peu leurs propositions de ventes.

Les déceptions des lecteurs

Il m’a bien fallut questionner ces lecteurs sur leurs belles surprises comme sur leurs mauvaises. Sur le coup, les réponses ne sont pas des plus inattendues et rejoignent malheureusement certains « clichés » et mauvaises idées que l’on peut se faire de l’auto-édition : démesure ou réalité ? Je vous laisse considérer ces quelques points qui ont été relevés :

  • Le souci de la procuration du livre : à cela, rien de plus logique si l’on considère la chaîne du livre. Là où une maison d’édition est solidement appuyée, un auteur indépendant et seul éprouvera beaucoup plus de difficultés à faire paraître ses ouvrages et les remettre entre les mains de ses lecteurs. Sur les réseaux, il n’est pas rare de voir les auteurs se débrouiller, commander puis envoyer par eux-mêmes leur petite création – un travail considérable, mine de rien ! Finalement, le plus simple reviendrait à la vente d’e-books – mais là, encore, les lecteurs y consentiront-ils facilement ? Seront-ils prêts à s’équiper – de liseuses, entre autres – en conséquence ?
  • Une qualité d’impression qui laisse à désirer : ce point rejoint le précédent et n’est pas sans décourager la procuration du livre papier. Il n’est pas rare que les lecteurs se plaignent des défauts des livres reçus – je pense notamment à ceux imprimés par Amazon : pages déchirées, livre corné, encre bavée, pages doublées… Un livre bien difficile à lire ! De cela, on ne peut pour autant blâmer le travail des auteurs, mais plutôt le moyen d’impression choisi.
  • Les écrivains amateurs : on y vient. Evidemment – et bien malheureusement – car tout le monde peut publier facilement son ouvrage, beaucoup ne reflètent pas le vrai travail d’un bon écrivain. Intrigues incohérentes, un style et un univers qui laissent peu à désirer, un manque de connaissance des règles grammaticales et des temps du verbe… Des fautes qui n’échapperaient sûrement pas à un éditeur sérieux et vigilent.
  • L’épargne d’une correction : dernière grosse déception qui se comprend si l’on considère qu’un auteur n’est jamais parfait et nécessite souvent d’un relecteur qui sache prendre de la distance et soit davantage professionnalisé dans les corrections – d’où cet accompagnement proposé en édition traditionnelle. Malheureusement, à moins d’y mettre le prix, les auteurs préféreront assumer cette correction incomplète par eux-mêmes : coquilles, fautes de frappe et de mise en page seront alors à considérer avec indulgence.

Un commentaire m’a notamment fait écarquiller des yeux, implicitant le besoin du lecteur de savoir « traquer » les bonnes œuvres puis de les distinguer des mauvaises : « avec de la pratique il devient de plus en plus facile de repérer les auteurs pas sérieux ». Personnellement, je trouve dommage qu’un lecteur doive ainsi fournir de tels efforts pour trouver une lecture qui soit suffisamment « lisible ».

Les belles surprises des lecteurs

  • Les auteurs passionnés et impliqués : un commentaire m’a particulièrement touchée, à l’énonciation d’un titre d’ouvrage auto-publié qui avait particulièrement encouragé le lecteur. Il disait : « Son auteure a mit du temps dans son projet et ça se sentait« . Quelle louange pour l’autrice en question ! Voilà donc un point qui, selon moi, témoigne de tout bon écrivain qui s’implique jusqu’au bout dans son ouvrage : pouvoir ressentir son effort et sa passion jusque dans la lecture de son œuvre.
  • L’authenticité des textes : un autre commentaire est à prendre avec force surprises, pour tout le bon sens dont il témoigne. C’est un coup à prendre pour les maisons d’édition, mais c’est également un vrai problème à entendre. Car ce qui avait plu au lecteur étaient des « histoires originales, une écriture moins « lissée » qu’en maison d’édition avec un sentiment de plus grande authenticité du texte. » Eh, oui ! Car collaborer avec un éditeur demande parfois de grands sacrifices que beaucoup d’auteurs préfèrent fuir au moyen de l’auto-édition…
  • La communication avec l’auteur : comme le livre auto-édité se fait en premier lieu connaître sur les réseaux, il est d’autant plus évident pour le lecteur de rencontrer son auteur et ainsi de communiquer ! Il peut alors discuter des choix de l’histoire avec son créateur, chercher à comprendre comment l’écriture est vécue par l’écrivain. De quoi démystifier les préjugés de l’écriture !

Un lecteur a également fait la remarque que certains livres auto-publiés ne se distinguent pas tant de ceux publiés en maison d’édition traditionnelle si le travail en a été suffisamment complété. Il faut donc simplement que l’auteur s’en donne la peine et les moyens – même financiers – s’il veut que son lecteur estime et reconnaisse son travail.

L’avenir de l’auto-édition

Finalement, la plupart des réponses aux questionnaires pointent vers une efficacité moyenne de l’auto-édition qui est, tout autant que l’édition traditionnelle, un simple moyen de publication. Ainsi donc, tous sont d’accord : ce moyen continuera de se développer, sans perdre de sa valeur ni pour surpasser l’édition traditionnelle.

Voici d’ailleurs un avis sur le sujet :

« Peu probable que ça menace l’édition traditionnelle, qu’on ne déloge pas si facilement alors que c’est une voie très reconnue et bien ficelée ; l’auto-édition ouvre à une voie différente, qui parfois sied mieux à certains et certaines, qui joue avec d’autres règles, entre lesquels sachant naviguer, on peut également apprécier en tant que lecteur – peut-être en se développant on saura mieux s’y retrouver justement, du fait que ce soit un peu plus connu, même si ça devait peut-être attirer plus d’auteurs en parallèle, ça n’éclorera pas pour tous et le milieu s’affirmant on peut qu’en voir mieux les contours, enfin à priori. »

Il y a aussi beaucoup d’espoir à ce que l’auto-édition change des choses, à l’intérêt des auteurs. Notamment dans le milieu de l’édition, avec le souci de la relation de l’éditeur à l’auteur…

« Dans le meilleur des cas j’espère que cela permettra de corriger le rapport de force entre auteurs et autres acteurs du marché du livre, car la situation des auteurs publiés en ME en France est dramatique comparée à ce qui se fait dans d’autres pays.« 

« L’édition traditionnel devra changer son regard sur le travail des auteurs et offrir mieux si elle veut offrir un visage plus séduisant que l’AE.« 

L’auto-édition est une nouvelle porte, une chance pour les auteurs déçus par les maisons d’édition. C’est un moyen qui vise l’intérêt des auteurs en premier lieu, pour la défense de leurs droits et de leur créativité.

« Je pense que ça aide des auteurs à émerger ou a vivre de leur passion à leur façon. Peut-être que certains préféreront aller finalement vers des ME mais d’autres trouvent simplement un moyen de faire leur travail à leur convenance, sans restriction.« 

« Je pense que de plus en plus d’auteurs, même ceux déjà édités en ME, pourraient se tourner vers l’AE pour la liberté qu’elle offre, à la condition que les publications AE continuent dans leur orientation de plus en plus professionnelle. »

Enfin, on peut voir que cela ouvre les portes à un nouveau débat, à savoir comment discerner le travail des auteurs sérieux de ceux qui le sont moins. Comme nous le verrons par la suite dans le prochain article, beaucoup d’auteurs tentent de leur mieux de se rapprocher de professionnels pour compléter leur travail et ainsi proposer un meilleur ouvrage qui saura attirer les lecteurs.

« La distinction entre l’auto-édition dans le sens strict ( l’auteur qui fait tout ) et l’édition indépendante ( avec une équipe pro ) grandira, et les lecteurs feront moins d’amalgame entre la qualité ( ou l’absence de ) des uns, et des autres.« 

C’est assez encourageant de voir combien les lecteurs voient l’auto-édition assez positivement, malgré le besoin plus important de distinguer les bons des mauvais livres. Mais concrètement, quel est l’avis et le vécu des auteurs ? Comment pourrions-nous chercher à améliorer ce système de publication ? Je vous invite à commenter et partager vous-mêmes vos opinions en commentaire et vous donne rendez-vous dimanche prochain pour la suite de l’enquête…


3 réflexions sur “Votre avis sur l’auto-édition – Le lecteur

  1. Merci beaucoup pour cet article ! J’ai publié mon livre en auto-édition il y a pile un mois aujourd’hui et pour le moment, je ne regrette pas du tout ce choix. La liberté que j’ai pu avoir à toutes les étapes du processus de création de mon roman n’a pas de prix. Concernant la qualité des livres Amazon, je reconnais que la couverture n’est parfois pas soignée, (le titre sur la tranche est parfois décalé, etc), mais l’intérieur du livre est très pro par contre. En tout cas à ce jour, je n’en ai encore reçu aucun dont l’encre avait bavé, ou dont les pages étaient déchirées par exemple 🙂

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