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Après un détour auprès des lecteurs pour connaître leur avis sur le moyen de l’auto-édition, tâchons d’écouter les expériences des auteurs eux-mêmes – car, vous l’aurez compris, les avis ne sont pas aussi faciles à fixer !
Avant tout, j’aimerais vous partager la fameux commentaire – après autorisation de l’auteur en question – qui m’a poussée à enquêter sur l’auto-édition et le ressenti des autres auteurs. Son expérience a été plutôt décevante, comme vous le lirez, faute de la vision trompée qu’il s’était faite de l’auto-édition. Le voici donc :
« Je viens de passer par l’auto-édition, et j’en ressors profondément déçu et meurtri. J’estime avoir été purement trompé. Dès le départ, je me suis aperçu que nous étions des milliers à vouloir s’ auto éditer et que beaucoup resteraient « sur le tapis », et j’en suis! Et ce ne sont pas pas toujours ceux qui ont du talent qui réussissent à percer… Il faut être fort en communication, marketing et être multi-réseaux sociaux… Dans ces conditions celui qui est un véritable écrivain digne de se nom, qui a un réel talent ne réussira pas s’il se sent incapable de gérer tout cela; le site d’auto-édition que j’ai contacté proposait un menu à la carte foisonnant que je trouvais déjà cher pour ce que j’ai retenu. Si j’avais pris toutes les options (aide aux salons, ou représentativité dans les grands magasins, etc… il y en avait pour au moins 6000 euros alors que mon premier livre (un petit roman de 130 pages) ne pouvait être vendu très cher (11 euros 90). Je reproche à cette société d’auto-édition de m’avoir laissé croire que, débutant, mais bon écrivain (je n’ai eu que des éloges par le peu de lecteur) je pouvais sortir du lot alors qu’ils ont admis sortir 5 à 10 livres/ jour soit 1500 à 3000 par an. Leur blog précise d’ailleurs que 1 sur 50 sera remarqué par les maisons d’édition. Autant avoir affaire à elles directement quitte à se voir refuser le livre (au moins l’on ne dépensera rien en cas de refus). De plus, il est de bon ton de penser qu’une maison d’édition sélectionnera les livres par la qualité de l’écrivain. L’ auto-édition est un leurre et n’assure absolument pas que les livres vendus soient de qualité.
Par l’auto-édition tout est à faire. L’auteur devra dépenser beaucoup d’argent, avant même d’avoir du résultat, s’il n’est pas « armé » pour faire de la communication lui-même, c’est à dire, s’il ne sait pas utiliser les outils de communication. J’en ai fait les frais. Je crois pouvoir dire que mon premier roman sportif était un bon livre, étant donné les très bonnes remontées. A aucun moment la société d’édition que j’ai consulté ne s’est préoccupée de savoir si je souhaitais publier un livre occasionnellement, et ne pas faire « carrière » et n’ a pas donné un avis préalable… Ce n’est pas leur rôle, puisqu’ils sont là pour engranger des commandes. C’est toute la différence avec les maisons d’édition qui ne retiendrons pas votre livre (à compte d’éditeur s’entend) s’il n’est pas valable , et qui s’occupent, en principe, à compte d’éditeur toujours, de la promotion. J’ai beaucoup démarché, comme je l’ai pu, avec le peu de connaissance des réseaux sociaux que j’ai. Décevant. »
Les mots en gras sont de mon faits, afin de souligner les réels problèmes cités par l’auteur confronté. Je vous rassure : telle n’est pas l’expérience de tous les écrivains qui ont pu répondre à mon questionnaire. Mon idée est que ces derniers étaient sûrement mieux préparés aux conséquences et lourdes charges de l’auto-édition et ont ainsi pu en profiter en bonne et due forme. C’est également pour tous les écrivains qui réfléchissent à ce moyen que je rédige cet article, afin qu’ils ne sous-estiment pas tous les enjeux que présente ce moyen et les besoins et équipements que cela demande.
Les motivations pour l’auto-édition
Les motivations qui poussent à l’auto-édition sont assez diverses. Certaines s’expliquent avec évidence : c’est un moyen qui offre une liberté créatrice et un panel de charges de travail, ce que l’édition traditionnelle ne saurait permettre. C’est alors un choix hors-pair pour les écrivains également illustrateurs et qui s’y connaissent suffisamment en correction et mise en page pour tout établir de leurs propres efforts.
D’autres auteurs soulignaient la rapidité de ce moyen, pour tous ceux qui n’attendent que de mettre à disposition leurs ouvrages ou cherchent à vivre de leur plume. Car le travail en édition classique prend du temps et demande beaucoup de patience – rien qu’à la réception des manuscrits ! – les auteurs qui souhaitent pleinement se lancer dans cette activité sont très vites découragés. Pour de tels auteurs publiés en maison d’édition, il faudra malheureusement attendre plusieurs années avant de pouvoir vivre de sa plume.
Toujours sur le fil du parcours en édition classique, des auteurs témoignent d’une déception acerbe et ne souhaitent plus continuer dans ce milieu. C’est que, trop souvent, les maisons d’édition demanderont de trop grandes modifications apportées au texte, loin de plaire à l’écrivain. Ils n’ont alors d’autre choix que celui de se rengainer sur l’auto-édition.
Enfin, il est possible que le sujet du roman en voie de publication ne corresponde pas aux lignées éditoriales de la plupart des maisons d’édition et, pour ainsi dire, ne sont pas assez « commercialisées ». C’est mon cas : j’éprouve une grande difficulté à faire entendre mon projet, si loin de la fantasy vendue aujourd’hui au milieu des jeunes lecteurs. Comment alors ne pas trouver en l’auto-édition une possible voie de démarrage, visant à se faire connaître malgré tout ?
Les moyens
A n’en pas douter, la plupart des écrivains se laissent charmer par le simple des services de publication d’Amazon (kdp) ; un auteur a toutefois cité la solution de BoD, une plateforme d’auto-édition européenne.
Ces publications sont souvent précédées d’une campagne de financement participatif (le plus connu étant Ulule). Cela s’explique pour les auteurs qui ne fonctionnent pas seuls, mais font généralement appel à tout un groupe de professionnels, pour combler ses lacunes en édition : correcteurs, illustrateurs, mise en page et même communication !
Là-dessus, j’ai découvert que seule la moitié des auteurs se conformaient à ces charges de dépenses, plus ou moins importantes. Les conséquences se retrouveront sur le résultat : soit un gain de temps et de qualité pour les auteurs accompagnés, soit une difficulté à proposer un ouvrage complet pour les auteurs isolés. Cela peut se comprendre : qui voudrait, après tous ces efforts passés à l’élévation de son ouvrage, assurer un soutien financier complémentaire sans pouvoir prédire la réussite des ventes à suivre ? Pour l’auteur débutant, c’est un bien gros risque à prendre.
Ce sérieux du travail se retrouve dans les différentes réponses apportées à la question du temps de travail passé à la rédaction puis publication de l’œuvre. Assez étonnement, là encore, les chiffres se distinguent : certains auteurs trouveront deux à trois mois entiers nécessaires à cet effort ; d’autres prendront davantage le temps d’un an et demi, si ce n’est plus. Comment expliquer cette importante distance de rapports ? C’est qu’il y a d’abord les auteurs qui vivent de leur plume : ils peuvent alors prêter leur quotidien à loisir à cet effort. C’est qu’il y a aussi, comme nous l’avons vu, le travail d’équipe qui vient soutenir celui de l’auteur.
Une chose est sûre : l’auto-édition, contrairement à l’édition traditionnelle, permet la publication facile et rapide des ouvrages, donnant lieu à la publication en masse.
Les qualités de l’auteur auto-édité
Je me suis amusée à interroger les auteurs concernant les qualités qu’ils jugeaient indispensables à l’auteur entrepreneur. Voici plus ou moins une liste qui en a résulté :
- La rigueur : aller jusqu’au bout de ses objectifs et prêter attention jusqu’au moindre détail.
- La patience et la persévérance : les qualités qui, sûrement, revenaient le plus. Drôle, si l’on considère que l’auto-édition accorde un gain de temps par rapport à l’édition traditionnelle !
- L’humilité : savoir déléguer à d’autres ce qui n’est pas dans notre champ de compétence.
- Être prêt à tenir différentes casquettes : comme nous l’avons vu, l’auto-édition demande de nombreuses implications et responsabilités. Si nous ne sommes pas prêts à pourvoir à tous ces efforts, même après publication, alors ce moyen n’est pas fait pour nous.
- Connaître la chaîne du livre : il ne suffit pas d’apprécier l’écriture, il faut aussi pouvoir porter un intérêt assez vif pour le marché du livre, afin d’en comprendre le mieux le fonctionnement et les atouts. Je dirais que cela concerne également l’édition traditionnelle, où il fait bon de s’intéresser à cette chaîne du livre dont on faite partie, au cas où l’on tomberait sur quelques pièges…
Retours d’expérience
De façon plutôt rassurante, les auteurs témoignent avoir une plutôt bonne expérience de l’auto-édition. Les retours des lecteurs sont assez favorables, mais peuvent parfois manquer. De même, ces auteurs ne semblent pas considérer ce milieu comme particulièrement compétitif, bien que les avis soient mitigés concernant la facilité à se démarquer les uns les autres.
J’ai alors demandé si leur conception de l’auto-édition avait changée après leur implication dans ce moyen. Je vous laisse découvrir une réponse – qui résume tout autant celle des autres participants.
« Avant mon expérience, je pensais que c’était facile. En un sens, ça peut l’être, si on ne fait pas correctement le travail. En réalité, c’est un travail de très longue haleine, mais que je ne regrette pas une seule seconde. »
En effet, beaucoup est à attendre d’un auteur en auto-édition, et pas seulement dans la conception de l’ouvrage, de son écriture à sa mise en forme ! Doit suivre un autre long processus de promotions, publicités et autres encouragements aux lecteurs à venir découvrir cette nouvelle publication. En somme : pas de répit pour l’auteur entrepreneur !
Pour autant, cela ne semble pas avoir découragé nos braves amis. Ces expériences, au contraire, ont su être profitables à bien des enseignements, quoique l’exercice soit toujours aussi difficile et ne finisse pas toujours sur un succès…
Quelques pistes d’amélioration…
Parce que je pense qu’il est bon d’entendre les besoins ressentis, j’ai demandé à mes participants quelles pistes d’amélioration pouvaient être saisies au développement de l’auto-édition.
Une première réponse, loin d’être dépourvue de sens, nous rend compte du rapport difficile des libraires avec les artistes auto-édités, la raison était un bien triste milieu de compétition !
« J’aimerais qu’Amazon ne soit pas l’option n°1 pour l’auto-édition, car, au-delà de l’image négative de la plateforme, je pense que cela nuit à une éventuelle diffusion en librairies. En effet, les librairies souffrant énormément du monopole d’Amazon, je crois que les auteurs auto-édités grâce à Amazon sont immédiatement catégorisés comme « complices » de ce monopole. J’aimerais qu’une solution existe pour que les auteurs auto-édités gagnent en visibilité et en crédibilité auprès du public. »
Une autrice croit fermement au besoin de s’avoir entourer son travail incomplet d’autres professionnels, quoi qu’en soit le prix à payer. Un écrivain ne peut avancer seul s’il souhaite proposer une œuvre de qualité.
« [Il ne faut] pas hésiter à s’entourer de gens compétent pour palier les lacunes qu’on ne maitrise pas. Nous ne sommes pas éditeurs pour plusieurs et il est sain de demander un regard extérieur sur son travail. »
« Il faut que les derniers auteurs récalcitrants comprennent que c’est un vrai travail en profondeur. On ne s’improvise pas graphiste ou correcteur. Si beaucoup sont très professionnels, ceux qui ne le sont pas nous tirent vers le bas malheureusement… »
Enfin, c’est à noter une certaine souffrance chez ces auteurs de ne pas parvenir à se distinguer de cette « mauvaise image » que l’on tient facilement à l’auto-édition ; le souci étant que, par ce moyen, aucun tri de manuscrit n’est possible comme en édition traditionnelle ! Alors, que faire de tous ces mauvais manuscrits publiés bien malgré l’avis de tous ?
« C’est difficile à dire. C’est très libre. Le problème vient de ceux qui font ça mal, je pense que ça fait partie du milieu. Les concours/prix qui aident à montrer aux lecteurs les travaux les plus sérieux sont une bonne chose pour aider à améliorer l’image de l’auto-édition je dirais. »
C’est tout pour le moment. J’espère que cette suite d’articles vous aura plu et, plus encore, vous aura permis d’étendre votre champ de compréhension du fonctionnement de l’auto-édition, comme il en a été pour moi. N’hésitez pas à commenter, partager vos propres expériences de ce milieu – qu’il soit positif ou négatif, tout est bon à entendre pour un meilleur développement de ce moyen !

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