
Entre les pauvres ramures je t’ai vue
Désespérant ta prochaine venue.
Tu ne savais pour autant trop tarder
Entre ces voûtes de branches bordées
Où, reine, pâle nature t’a élue.
Me laisserais-tu donc te contempler
Dans ta fière allure et d’or couronnée
Par le soleil humble ? Que de murmures
Suscités à l’ombre des dernières mûres ;
Le secret de ton temple renversé.
Muse, que mes mains tremblent d’enfin te saisir !
Mais voilà que tu t’enfuis avec rires
Entre les arbres que le vent charrie.
Ces géants dans leurs allures d’Emirs
Comme des murs contre moi se rallient.
Tu te joues de moi sans demi-mesure
Appelant toutes forces à leur usure.
Ton règne n’est désormais plus que ruines,
Les astres se couvrant d’un mauvais signe.
Dans ta fuite, tes pas ne sont plus si sûrs.
Automne, prends garde à ton souffle qui se meurt !
Misérable esprit, sans Lui, tu te leurres !
Ecoute la voix de ton Créateur
Qui pour toi ne cherche que le meilleur.
Ecoute-le, je te prie, avant l’heure.
Terrible muse ! De mon art tu abuses,
Du pieux travail de mes mains tu m’accuses.
Le morne de tes nuages emprisonne
Mes pensées dont l’espérance grisonne.
Triste muse ! Ces quelques vers tu récuses.
Alors tu t’en vas, dans la confusion
Du temps passé de toute frondaison.
Nous savons que ce n’est qu’un aurevoir,
L’éternelle rengaine d’une histoire
Qui appelle à une nouvelle saison.

Je vous ai déjà décris ma passion pour l’automne dans mes 5 favoris de l’automne et un plus lointain poème intitulé « Le Gris de la mélancolie ». Aussi inspirante que puisse m’être cette saison, il règne cependant une certaine tension dans la relation que nous tenons : c’est ce que je tâche de décrire dans ce nouveau poème.
Comme vous le voyez, je suis partie avec l’idée en tête de prononcer une ôde à l’automne, avec l’habituelle structure de cette ancienne forme lyrique : sept strophes de cinq décasyllabes. Cette ôde ne se toutefois termine pas tout à fait sur la note joyeuse espérée, mais plutôt sur la monotonie que m’inspire justement cette saison.
J’avoue m’être inspirée également du poème de Percy Shelley « Ode to the West Wind » étudié fin septembre en classe. Depuis un mois, l’envie se faisait entendre de déclamer à mon tour quelques vers à destination de l’automne (une des multiples façons de considérer le « West Wind » de ce poème). J’ai donc débuté avec les deux premières strophes, sans trop savoir où cela me mènerait – finalement, après un mois et une bien trop longue exposition sous les nuages chargés de cette saison, la suite du poème a pris un nouveau tournant.
L’automne, je la vois ainsi : une fière jeune fille qui pourrait bien représenter mon attitude quelques fois en relation à mon travail. L’automne n’apparaît toutefois pas aussi glorieuse qu’elle souhaite le paraître : son ciel se couvre, le froid s’achemine et la mélancolie se fait acerbe. Comme l’automne, j’ai dû apprendre beaucoup d’humilité ces mois passés, au travers de l’intense réécriture de mon roman.
Voir mon post instagram sur le rapport de mon travail à l’automne.
Il est parfois difficile à mettre en pratique, mais je ne peux clairement me bercer d’aucune gloire, et ce bien malgré tous les compliments que l’on pourrait me faire. Il me faut me remettre à mon Créateur, sans qui rien ne serait possible. C’est bien lui qui me guide dans l’écriture, me donne le discernement de mes erreurs et la force de poursuivre. Mon travail n’en sera jamais parfait – mais Dieu m’aide à le perfectionner de mon mieux.
Je dirais pour conclure que l’automne fait partie de ces saisons de la vie – ou, ici, plutôt de l’écriture – chargée en apprentissages. Le temps se fait lourd et difficile, mais rien n’est impossible avec suffisamment d’humilité et de disposition du cœur. Cette saison se conclura, il faut l’espérer, par un beau retour du printemps – tout comme cette saison est vouée à revenir, chaque fois pour le meilleur.
A tous, je vous souhaite du très bon courage pour la poursuite de tous vos projets. Considérez chacune de ces saisons qui vous sont données et soyez-en reconnaissants pour ce qu’elles vous apportent. Ne perdez pas espoir : une meilleure saison est toujours à prévoir.