
La crainte est sûrement un des sentiments les plus humains que connaisse cette terre. Elle n’est pas sans épargner l’écrivain.
Plus généralement, je crois remarquer que l’écrivain est un être particulièrement angoissé – drôle d’ironie lorsque l’on considère combien ce métier est si peu stable ! Les craintes sont nombreuses, face à l’avenir imprévisible. Comme pour tout art, l’écriture ne promet pas non plus une constante production et donc un durable revenu.
Lire mon article sur les difficultés de l’écriture.
Si l’appréhension de ces premières difficultés ne me touche pas encore – n’étant pas confrontée au problème – il n’en est pas moins que je subis la poursuite infatigable de diverses craintes que je vous propose de visiter en cet article. L’idée n’est évidemment pas de décourager ou de dramatiser le métier d’écrivain – qui demeure tout de même un beau métier et possible malgré la charge ! – mais plutôt d’exprimer ce qui pourrait potentiellement freiner un écrivain dans son activité. Peut-être même vous reconnaîtrez-vous dans ces craintes… auquel cas je vous invite à les mesurer pour mieux vous en départir.
Nous avons tous à apprendre de nos craintes : elles sont essentielles à notre survie et prise de conscience de ce qui nous entoure. Une bonne habitude que l’on m’a enseignée, notamment au sujet de cauchemars (qui sont sont l’expression même de nos craintes), est justement de les poser sur papier pour les figer par la puissance des mots. C’est pourquoi je souhaite partager ces craintes en toute authenticité – en espérant que ces mots vous aideront autant qu’ils me libéreront !
#1 – La crainte de ne pas être lue
Je l’ai répété suffisamment de fois sur ce blog, mais je n’écris que très peu pour moi-même – mes carnets intimes suffisent à cela ! Pour moi, l’écriture d’une quelconque forme de fiction destinée à la publication ne trouve plus de sens sans l’existence de potentiels lecteurs.
Ma crainte donc, qui s’accompagne de la régulière supervision des statistiques de passages sur mon blog, est de voir mes mots se perdre dans le silence, sans trouver de cœur avec lequel faire écho. Les visites sur mon blog sont évidemment plus nombreuses qu’à mes débuts, mais elles restent secrètes et sans réel retour de ce que mes publications opèrent. Sans surprise, un commentaire a pour moi plus de valeur qu’une simple étoile. De même que le nombre de vues par visiteur peut indiquer un certain intérêt pour mon travail si celui-ci est élevé.
Ces derniers temps, Instagram n’a pas permis que mes publications soient grandement partagées sur les fils de mes followers – le nombre de vues s’est alors rétrogradé. Cela n’est pas sans apporter un certain sentiment de défaite, ainsi que de vide : pourquoi donc se plier à l’effort d’un rythme et à l’exigence d’une qualité si ce n’est finalement pas pour être lue ? Poursuivre ces temps de partages et d’expression du cœur deviennent alors plus difficile.
#2 – La crainte du temps
Une autre crainte, grandement traduite dans mes derniers « C’est l’heure du thé » est celle du temps qui passe, sans même que l’on ne puisse en assurer le moindre contrôle. Je suis toujours à vouloir me presser : il faut finir ce roman bientôt ou il sera trop tard. Trop tard pour quoi donc ? Ha ! La puissance de l’esprit porte à bien des fictions mensongères – qu’ai-je donc tant à craindre lorsque tout se porte bien au temps présent ?
C’est que la mort nous paraît comme une deadline bien cruelle à tous nos projets – et des projets, cela ne me manque pas ! Je crains de ne pouvoir parvenir à tout écrire dans les temps, alors même que je ne sais quand la fin me viendra. Etonnement, je ne peux pas concevoir que certains de mes romans demeureront pour toujours dans l’obscurité de carnets de notes ou simples brouillons ! C’est pourtant ce qui survient à beaucoup écrivain : on cherche même à publier jusqu’au moindre héritage délaissé par les grands auteurs, quoique la fin d’un roman n’ait jamais été révélée. Quelle tristesse !
Il y a comme un devoir de faire le deuil dès maintenant de certaines de nos créations…
#3 – La crainte du malentendu
Un écrivain s’exprime comme il le peut – mais même exprimés à voix haute, des mots peuvent-ils être mal entendus.
Ne me méprenez pas : j’ai bien conscience qu’aucun lecteur ne pourra jamais parfaitement résonner avec mes propos. Pour autant, je crains que certains ne décident un jour d’entendre tout le contraire de ce qui a d’abord été édicté !
On ne peut forcer aucune vérité sur le lecteur – à lui de décider ou non de ce qu’il cherche à entendre. C’est aussi pourquoi tant de livres de la littérature classiques sont sujets à différentes interprétations. Laquelle est la vraie ? peut-on se demander. Qu’a donc voulu dire l’auteur ? Parfois, lui-même n’est pas sûr de le savoir !
Mais il y a une certaine qualité à la plume d’un écrivain – la renier serait dénier l’auteur lui-même et son œuvre. Cherchez à marquer une œuvre de vos propres idées et cette œuvre sera à jamais transformée. Elle ne sera plus le fruit d’auteur, mais d’un ensemble d’acteurs.
L’écrivain doit se résoudre à ce qu’après publication, son œuvre ne lui appartienne plus.
#4 – La crainte d’une fin
Il n’y a pas de vie sans risque et les accidents sont nombreux. Comment s’assurer de ne jamais perdre la vue ou l’habilité de ses doigts, ces organes si nécessaire à la rédaction d’un ouvrage ?
J’ai déjà eu écho de la difficulté de certains écrivains face à un surmenage des poignets dans leur activité de l’écriture. L’être humain est fragile, quoiqu’il ait le miracle de se renouveler malgré les blessures. On ne peut le brusquer et seul le temps est allié à la guérison. L’inconfort de l’écrivain souvent mal équipé peut amener à des souffrances, voire un réel handicap, s’il ne décide pas d’y prêter une quelque attention. Ce sont les médecins qui généralement sonnent l’alarme : « si vous ne changez pas d’attitude, vous risquez de ne plus jamais pouvoir poursuivre. »
Cette crainte m’a été utile dans le sens où elle m’a encouragée à repenser la position de mes doigts sur le clavier. Je n’utilisais alors que certains doigts pour écrire et, si j’étais plutôt efficace, je me fatiguais très vite avec une tension dans les poignets qui en disait long sur mon manque d’attention. Une première fois, j’avais tenté de réapprendre à taper correctement sur un clavier à l’aide de logiciels, mais n’étais parvenue qu’à m’en décourager davantage. Un an plus tard, à une deuxième tentative, je me lançais le défi de continuer à écrire mes romans avec un bon codage de mon clavier. Quel enfer ! J’avançais si doucement et avec un effort de concentration si intense que la tentation était grande de retourner à ses anciennes habitudes ! Malgré quoi, pour un long mois, je poursuivais – et notais mes progrès avec toujours plus de soulagement. Aujourd’hui, je peux dire que mes poignets se fatiguent beaucoup moins à écrire ! Sans compter que je suis tout de même plus efficace, dû au fait que je peux maintenant utiliser tous mes doigts…
#5 – La crainte du vide
Enfin, une crainte qui me titillais il n’y a pas plus tard que ces derniers jours : celle de ne plus savoir écrire.
Voir mon dernier post instagram.
D’autres l’appelleront le fameux « syndrome de la page blanche ». Dans mon cas, ce n’est pas tellement par un manque d’inspiration ou d’envie, ni même d’une incapacité à produire quelques mots sur une pages : plutôt le sentiment d’une certaine inanité de ses mots.
L’écriture ne fait plus sens – lentement, mon esprit s’enfonce dans un gouffre. Où donc est passée la passion qui a su conduire chaque jour mes doigts au clavier ? Mon corps n’attend plus que de vibrer au flot des mots – mais rien ne se passe. Les phrases n’ont plus d’effet, elles tapissent simplement une toile d’éléments indécis. Il n’y a plus rien pour donner un souffle nouveau à ces simples mots.
Bon sang ce que je déteste ce sentiment.
Souvent, cela s’accompagne d’une envie plus prenante d’écrire, de s’immerger dans son œuvre et habiter avec elle. Mais comment faire ? L’impossible qui semblait alors possible nous heurte de plein fouet. On est laissés dans un double regret.
Ce sentiment a été le miens plusieurs fois au cours de ces derniers mois, toujours pour révéler un même constat : combien je me sentais seule dans l’exercice de mon écriture. Cela nous ramène à notre premier point : l’écriture ne fait pas grand sens pour moi quand je suis dans l’incapacité de partager. J’ai besoin des lecteurs, encore plus de ceux qui croiront en moi et souhaiteront écouter ce que j’ai à dire. J’ai besoin de savoir que mes mots servent et participent à un grand projet. Autrement, tout est vain.
Je vous laisse sur cette dernière crainte, en espérant que cet article aura su vous éclairer de vos propres craintes. Partagez-les en commentaire si le cœur vous en dit. Que pouvez-vous faire pour les contrer ? Cela peut être par commencer à les écrire…

Merci pour cet article intéressant !! J’avoue que la crainte du malentendu est parfois ce qui me retient de partager ce que j’écris, surtout avec mes proches ^^ mais j’essaye de la dépasser parce que c’est incroyable d’avoir leur retour
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