
Cette année, j’ai envie d’introduire un nouveau format d’article : celui d’un article beaucoup plus relâché et divertissant. Le but n’est autre que de parler un peu plus de l’expérience de l’écriture en le comparant à des œuvres classiques – et, accessoirement, d’en rire !
Et quelle autre œuvre commencer si ce n’est celle de Tolkien, après vous avoir présenté ses quelques pensées sur l’écriture ? Oui, il faut dire que ses romans m’inspirent beaucoup d’articles à venir !
Alors, prêt à me suivre et découvrir autrement l’aventure de l’écriture ? Prenez un bon sac, car le chemin ne sera pas si facile !
L’écrivain et ses débuts
Je ne sais pas pour vous, mais pour moi, l’écrivain ressemble bien à un hobbit ! Qui n’a pas débuté l’aventure de l’écriture, tout content, avec la pensée que le chemin sera facile et le temps favorable à la marche ?
A nos débuts, nous avons du mal à nous défaire de notre premier confort : qu’aurions-nous bien à changer de nos habitudes, de toute façon ? Comme Bilbo, difficile de dire « oui » à la quête ! Courir à l’avant du danger ? Mais à quoi bon ! Décidément, on avance pas, mais on est bien mieux à demeurer chez nous, bien au chaud et à l’abri.
Oui, mais les choses n’iront pas en s’améliorant. Notre plume ne gagnera jamais en maturité.
« Tu pars pour une quête qui va te changer à jamais », prévient Gandalf au hobbit avant que celui-ci ne puisse prendre une quelconque décision. S’il espérait rassurer Bilbo, il se fourrait le doigt dans l’œil ! Et pourtant, si je vous disais que l’aventure de l’écriture change tout autant un écrivain ? Beaucoup débutent l’écriture pour vite s’en fatiguer – l’effort du changement est trop éreintant, voire angoissaient. Beaucoup rêvent d’aventure, mais rare sont ceux qui s’en donneront les moyens.
La décision
Finalement, cela prendra toute une nuit et un réveil dans le silence pour décider Bilbo à la quête. D’abord dans la négative, quel soulagement de se savoir enfin laissé en paix chez-soi ! Mais lorsque l’on sait qu’une telle proposition faite ne reviendra sûrement jamais… Sommes-nous vraiment prêts à refuser ce don de l’écriture qui nous est fait ?
Comme Bilbo, je n’ai pas pu m’y refuser. Il faut le dire : la curiosité suscitée par le récit des autres – ou, dans mon cas, la plume des autres – démange. Nous voulons expérimenter la même chose pour se faire notre propre opinion. Et peut-être même, pour réellement vivre quelque chose.
En bonne compagnie
L’écrivain était seul. Mais une fois pleinement lancé dans l’aventure, il ne peut se rendre compte que d’une chose : rien ne peut se faire sans bonne compagnie.
Lorsqu’il était seul, pas grand chose ne se passait. Tandis qu’ainsi lancé dans la quête, l’écrivain se rend compte de la place essentielle de chacun : le soutien de ses proches à qui il partagera ses confidences, le service de relecteurs et même l’accompagnement en maison d’édition. Sans eux, l’écrivain ne serait rien – l’écrivain serait mort. De même, il se pourrait bien que, sans l’écrivain, ce soit tout un monde qui soit mort !
La tentation de l’invisible
C’est bien connu : l’écrivain est un être de l’ombre. Ce n’est pas qu’il recherche l’ombre ou qu’il apprécie cette phrase ; simplement, l’activité de l’écriture ne nous offre pas ce choix.
On pourrait d’abord n’y voir aucun mal – mais comme dit ci-dessus, l’écrivain ne peut se débrouiller seul. La solitude lui est tellement naturelle qu’il lui est malheureusement souvent difficile de demander de l’aide, voire de partager son travail s’il n’en est pas bien assuré.
Quel n’est pas le nombre d’écrivains que je vois sur les réseaux, préférant malgré eux la protection de l’ombre et si peu confiants en leur travail ! Si je suis particulièrement assurée de mon don, j’ai souvent du mal à partager les réalités des difficultés que je traverse sur l’instant – je demeure alors plus silencieuse sur les réseaux – et ai mis plusieurs années avant de me révéler tout à fait.
Croyez-moi, l’anneau est parfois plus simple à porter que de se montrer totalement à découvert au monde et à ses épreuves !
L’imposteur
« Tu n’y arriveras jamais. »
« Personne ne s’intéressera à ton travail. »
« Tu perds de ton précieux temps. »
Toutes ces phrases, les écrivains les entendent sans cesse, quoiqu’ils viennent plutôt d’un conflit intérieur. L’imposteur se tient à la porte, avec pour seule intention de se nourrir de notre détresse et faiblesse.
Nous avons tous un certain « Gollum » pour nous déstabiliser dans les moments mêmes où nous luttons pour retrouver une certaine stabilité dans notre activité. Il nous oblige à préférer nous retrancher davantage dans l’ombre, croyant pouvoir mieux s’en sortir ainsi. C’est pourtant dans la lumière des choses que nous pouvons le mieux voir – et c’est aussi dans la lumière que l’imposteur ne pourra nous atteindre !
Etape par étape
Comme le hobbit, l’écrivain subit péripéties sur péripéties. Aucune, d’ailleurs, ne se ressemble – mais toutes sont nécessaire pour tendre vers le but.
On se prépare toujours au voyage et l’on planifie son chemin, pour savoir où l’on va. Mais il serait dangereux de ne pas laisser une place à l’imprévu, car on ne connaît pas d’avance les difficultés qui se dresseront sur notre chemin. Il faut se faire attentif : écouter les besoins de son corps – pour ne pas périr de faim ou se fatiguer trop vite – mais aussi ce que les circonstances ont à nous dire – une très large source d’inspiration.
Plus généralement encore, n’oublions pas de nous féliciter à chacune de nos avancées, de soupirer de soulagement et d’en grandir toujours plus fort.
De quoi retourner à l’écriture
Après notre terrible première aventure, nous nous trouvons aussi plus équipés – et même, plus inspirés ! Au retour de sa quête, Bilbo n’aurait pu trouver meilleure idée que de s’emparer de la plume pour écrire et revivre ses dernières expériences – et ainsi même, de pouvoir enseigner à d’autres générations.
Nous n’avons certes pas la chance de retourner à la maison avec un large trésor après publication – l’argent devra venir bien plus tard – mais j’estime une autre récompense tout aussi bonne : la satisfaction de l’accomplissement. Biblo n’était d’ailleurs pas tant intéressé par le trésor dont il héritait : il le dépensait à toute occasion de réjouissances ! Ce qui lui était plus cher encore, était la communauté qui l’avait accompagné, puis le retour à la tranquillité après les épreuves.
Soyons nous aussi encouragés par l’accomplissement de chacune des étapes que nous traversons dans l’aventure de l’écriture et des changements que cela apportera à nos vies.
J’espère que cette forme d’article un peu spéciale aura su vous tirer un petit sourire. Si vous y avez bel et bien trouvé écho, commentez-le ! A quoi donc compareriez-vous l’aventure de l’écriture ? Que cette aventure vous sois riche en bien des manières !

Une réflexion sur “Si l’écriture était – « Le Hobbit » de Tolkien”