Se connaître

Depuis maintenant quatre mois, j’ai soufflé mes vingt bougies. Pour la plupart d’entre vous, cela ne doit pas représenter grand chose – pour moi, c’était un tout autre univers qui s’offrait à moi, forgé de craintes et de rebondissements. Ces derniers mois ont sûrement été les plus formateurs de ma courte existence – il m’ont permis de me découvrir comme jamais auparavant je n’avais pu me découvrir. Comprendre qui j’étais vraiment – mais aussi, discerner mes vrais besoins. Ces rebondissements m’ont fait lâcher l’écriture pour un temps, mais c’était pour le mieux.

Si vous m’aviez suivi dans mon enfance, vous auriez fait la connaissance d’une fillette simplement heureuse – une fillette épargnée des tracas et des questionnements difficiles, sans pour autant avoir un cadre particulièrement facile. L’adolescence est arrivée avec son gros boulet, menaçant l’équilibre de mon monde – mais là encore, les choses sont généralement bien trop confuses pour nous permettre de construire quoique ce soit. On dit que le cerveau ne cesse vraiment de se former qu’autour de l’âge de 25 ans – c’est donc que j’ai encore un bon bout de chemin à parcourir. Mais pour les plus précoces comme moi, c’est souvent plus tôt que nous affrontons le vrai monde.

Et la seule arme dont nous disposons pour subsister dans nos sociétés actuelles, c’est la connaissance de soi. Cette connaissance de soi, elle est également nécessaire à tout artiste qui souhaite partager son message au monde – même si, souvent, cette identité le poussera à contre-courant.

Aujourd’hui, j’aimerais que nous prenions le temps d’y réfléchir un peu – qu’est-ce qui peut nous définir ? Comment fonctionnons-nous ? Finalement, tout conduit à un même but : comment devenir plus efficace à la lumière de la connaissance que nous avons de nous-mêmes ?

Alors prenez ce temps, lisez tranquillement. Accueillez vos pensées, aussi troublantes puissent-elles vous paraître et dégustez le fruit que portera votre réflexion – mais soyez également patients. Elle pourrait prendre bien des mois, bien des années, à vous parvenir.

#1 – Je pense donc je suis

L’être humain est doué d’un cadeau inestimable : l’intelligence. Nous sommes faits de mots – n’est pas fantastique à un écrivain de le penser ? Mais ces pensées qui nous accompagnent dans notre quotidien, qu’elles soient libératrices ou tracassantes, ne sont pas moins souvent composées des mêmes mots – nous sommes faits des mêmes mots.

Aussi largement que vous puissiez étendre votre esprits, certains mots et pensées auront une place toute particulière dans votre cœur – des mots pour résonner avec ce qui réside au plus profond de vous. Des vérités auxquelles le confort de votre esprit ne saura que plus se raccrocher.

Je vous cite un exemple : ma relation avec mon Dieu. Inévitablement, parce qu’elle occupe une grande place de ma vie, elle est aussi le berceau de mes idées. Cela ne m’empêche pas un franc intérêt pour tout autres opinions et expériences – seulement, je ne peux jamais me défaire totalement de ce que je connais le mieux. Parce que ma relation avec mon Dieu est vraie et intégrante à ma vie, elle doit effleurer un tant soit peu les pensées et les mots qui me traversent. Je ne peux que rendre compte de cette vérité que je connais.

Vous ne pourrez y échapper – aucun artiste ne le peut. Ce qui l’habite couvre également sa toile. Cette vérité qu’il poursuit et vit au quotidien, quelqu’elle soit, il doit la montrer – s’il ne le faisait pas, il ferait de lui-même un menteur.

Vouloir transmettre une quelconque vérité au monde, c’est d’abord comprendre ce qui nous remue de l’intérieur.

#2 – Au fil des saisons

Il y a bien des forces qui gouvernent ce monde, un ordre pré-établi auquel ne pourrait se défiler nul être humain. Moi la première.

Il y a les jours. Il y a les nuits. Certains d’entre-nous sommes plus sensibles au lever du soleil – d’autres, à son coucher. Plus naturellement, nous sommes tous équipés d’une horloge interne : nous avons besoin de repos, quelques heures du quotidien pour se glisser dans le sommeil – cela, souvent dompté par notre exposition à la lumière du jour.

Nous ne sommes peut-être pas tous également sensibles aux variations de notre environnement – soit au temps ou à la lumière – mais nous cherchons tous à vivre au rythme des saisons, ces saisons que nous ne saurions même contrôler.

C’est pour cela – comme vous l’aurez déjà sûrement remarqué sur ce blog – que je porte autant un accent sur mon expérience des saisons. Mon hypersensorialité fait que je note très particulièrement les variations du temps, lesquelles ont un puissant impact sur moi – je le découvre encore aujourd’hui. Mon corps a tendance à éprouver des difficultés d’adaptation à chaque nouvelle saison, et c’est alors que j’ai besoin d’être le plus à son écoute pour lui trouver un fonctionnement des plus adéquat.

Les saisons ne sont pas seulement physiques – il nous arrive tous des périodes de changements dans notre vie, qui bouleversent plus ou moins notre quotidien. Parfois même, ces changements nous changent à jamais.

Encore une fois, on ne peut pas tant y faire – si ce n’est accepter. Accepter ces saisons et changements de nos vies. Travailler avec elles pour dépasser toujours plus loin nos limites.

#3 – Réévaluer

Ce que l’on ne dit pas assez, toutefois, c’est que cet exercice doit se prêter à une régulière réflexion – pas seulement une fois. Il y a quelque chose de beau dans l’être humain : il évolue et se transforme. Il grandit de ses expériences. Vous n’êtes certainement plus la personne que vous étiez dans votre jeunesse. Vous ne ressentez plus les mêmes besoins ni ne pouvez fonctionner de la même manière.

Adolescente, je n’étais pas bien capable de grand chose – les hormones me travaillaient sans répit et la fatigue me pesait au quotidien. Je nécessitais de beaucoup d’heures de sommeil et d’un environnement des plus stables – autrement, je filais rapidement au burn out. Je n’ai alors vraiment pas en bonne santé – je ne faisais pas de sport et mon corps était constamment tendu. Je mangeais également par facilité, sautant régulièrement le petit-déjeuner et ne prenant pas grand soin à l’équilibre de mon assiette. Je me sentais faible – pire, je pensais que je ne pourrai jamais trouver de rythme plus sain.

Il y a deux ans, j’ai alors pris la résolution de reprendre les choses en main – démarrer petit à petit le sport et veiller à manger régulièrement et sainement. En même temps, mon corps a fini ma croissance. Je ne me sentais plus si fatiguée, ni mon esprit si chargé – je pouvais enfin me laisser aller à de nouvelles expériences ! Mais tout cela n’aurait pu se faire sans un détail essentiel : l’écoute première de mon corps.

Pour le moment, je sais être au meilleur de ma forme – je sais aussi que cela ne sera pas toujours le cas, alors que le temps minera mon apparence et mes capacités. Ce qui fonctionne aujourd’hui pour moi, n’aurait pu fonctionner par le passé – et ne pourra toujours fonctionner demain.

Soyez toujours prêts à réévaluer vos méthodes.

#4 – Réagir

Mais plus encore, il nous faut réagir – saisir cette connaissance de nous-même pour en tirer les bons fruits. Un tri peut être nécessaire – encore une fois, si l’on n’entretient pas bien l’arbre de la connaissance, ses fruits seront nombreux, mais bien ridicules, pour ne pas dire peu fameux. Il faut l’élaguer, afin de ne conserver que ses meilleures branches – celles qui nous mèneront à de concluant résultats. La connaissance est bonne en soi, mais ne servira pas si nous n’agissons pas en conséquence.

Une bonne manière de se découvrir est, selon moi, prendre le temps d’une bonne discussion avec ses proches – ces derniers ayant généralement une image plus fidèle de nous-mêmes. Cette discussion pourra peut-être vous mener à des lectures – pour un écrivain, rien de mieux que de placer des mots sur les mystères qui nous accaparent ! Mais attention, tout ne correspondra pas forcément à l’être unique que vous représentez – je me retrouve beaucoup dans la définition du profil d’un « surdoué » (ou philo-cognitif, comme le définit mieux une de mes récentes lectures), mais il me faut faire attention à trier les informations. L’éducation, la condition et les valeurs font souvent que les règles peuvent changer.

Une deuxième étape est de mettre en pratique ces nouvelles informations glanées – à quoi bon, en effet, les affirmer vraies si nous ne les mettons pas au test ? Si elles ne vous correspondent finalement pas, pas de panique – c’est qu’il faudra encore creuser ce mystère. Prenez-le comme un jeu, plutôt que de vous laisser voiler par l’incompréhension. Commencez petit – même le plus infime détail que vous découvrez de vous-mêmes est en soi une victoire.

Enfin, acceptez ces parts d’ombre de vous-mêmes. Si elles sont là, c’est sûrement pour une raison – c’est que vous avez quelque chose à en dire. Je crois fermement que toutes les expériences que je traverse doivent pouvoir servir à l’exercice de ma plume. Si je ne les comprends pas aujourd’hui, je sais que la réponse m’apparaîtra plus tard.

Dieu lui-même est venu sur terre – et c’est un tort de croire qu’il n’est venu que pour son action sur la croix. Non seulement a-t-il payé le prix de la mort, mais il a également payé le prix de l’humanité – devenant homme pour vivre comme un homme. Il savait ce que nous vivions, mais il a décidé de le vivre également comme nous le vivons, en toute connaissance des conséquences – douleurs, maladies, émotions fortes… tout ce qui fait l’homme. Ne négligeons pas de chercher à vivre toutes ces choses, si cela nous permet de mieux les connaître.

L’importance de la connaissance de soi ne concerne évidemment pas que le domaine de l’écriture – mais c’est parce que nous écrivons que, nous écrivains, tenons un rôle majeur dans ce que nous transmettons. Nous ne pouvons pas parler de ce que nous ne connaissons pas – or, vous êtes sûrement la plus belle histoire que vous pourriez jamais écrire.


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