
Dieu sait combien j’ai lutté pour ralentir, dernièrement.
L’urgence est à son comble – les choses nouvelles m’appellent. Il y a tant à faire, car il faut penser à l’avenir.
Dans le ciel, pas un nuage, mais toujours, ce soleil flamboyant. L’automne tarde – il n’est pas encore temps de ralentir. La nature bourdonne toujours – rien ne semble pouvoir plus l’apaiser. Quant à la pluie, elle se fait depuis longtemps oublier. L’on est en octobre – ce beau mois qui, par le passé, faisait tant de bien à mon être – mais rien ne se passe.
« I’m so glad I live in a world where there are Octobers. »
L.M Montgomery, Anne of Green Gables
Je cherche à ralentir – tout en moi le somme. Mais l’automne ne peut s’offrir à moi, dans son ballet de feuilles mortes, dans son souffle semblable au soupir du soulagé – Dieu sait combien j’attends ce soupir.
Le pire, ce sont les questions – elles me tourmentent jour et nuit, m’accusent injustement pour ce temps qui passe. Où donc porter le regard ? Mon corps souffre de ne pas ralentir – il y a pourtant tellement à faire. La culpabilité est à son comble. Ai-je le droit de ne pas toujours chercher à avancer ? Quant à l’écriture, si je n’accomplis rien maintenant, y parviendrais-je seulement un jour ?
Les voix s’emmêlent dans mon esprit, portent à ma confusion. N’est-ce donc pas plutôt moi qui n’est pas prête à accueillir l’automne ?
« And sometimes when we listen, we are led into places we do not expect, into adventures we do not always understand. »
Madeleine L’Engle, Walking on Water
On connaît la fable : « rien ne sert de courir, il faut partir à point. » Je suis partie à point – depuis bien longtemps. Voilà plus de sept ans que j’écris – plus, si l’on considère les essais candides de mon enfance. Depuis, ma plume n’a cessé d’évoluer, se délier et s’harmoniser – c’est le travail de toute une vie – d’une vie changeante, qui évolue, se délie et s’harmonise.
Je ne devrais pas craindre du retard que je prends – mais mon esprit humain, qui ne voit pas loin, ne peut reposer avec confiance. Je dois préparer ma route avant les premiers tournants.
Plutôt, je devrais craindre d’aller trop vite. Courir le risque d’échouer – pire, tromper le cœur de mon travail. Ralentir, pour mieux appréhender l’avenir. Ralentir, pour mieux écouter – ce que cet avenir a à me proposer.
Et si écouter, comme Marie aux pieds de Jésus, était le début de tout accomplissement ?
« We must work every day, whether we feel like it or not; otherwise when it comes time to get out of the way and listen to the work, we will not be able to heed it. »
Madeleine L’Engle, Walking on Water
Aujourd’hui, j’écris ces mots un premier jour de pluie – c’est une douce pluie, aux nuages passants, au chant de délivrance.
Mais ce n’est pas une pluie passive, qui se laisse emporter par le vent et les circonstances. Non – quoique non visible, la pluie sème. Elle prépare la terre, pour le retour des beaux jours.
Ainsi de même, je ne peux rester passive – quoique je fasse, dans le silence, mon chemin se prépare – l’accomplissement se profile. L’écriture doit se faire complètement, chaque jour – l’écriture doit se vivre, jusqu’au bout.
Qu’importe le temps où tout s’accomplira.

Je vois que tu as reçu « Walking on Water ». Excellent !!
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