
Je vous ai parlé de ces « 6 auteurs qui influencent mon écriture » – il est temps de vous partager ces œuvres qui ont nourri l’imagination de mon enfant intérieur.
Le sujet serait bon à un article de blog, mais je suis fermement convaincue que notre environnement, ainsi que les œuvres auxquelles nous sommes tôt exposés, participent au devenir de notre personne – quoique les goûts puissent évidemment changer avec l’âge. Seulement, ces œuvres que nous estimions étant jeunes, que nous les apprécions peu ou toujours autant à l’heure actuelle, font indubitablement partie de notre être – c’est ainsi qu’il nous arrive parfois de parler d’œuvres « doudous », en signifiant ces œuvres qui nous ont fait du bien et continuent, par la mémoire, à stimuler en nous des hormones du plaisir.
C’est le cas des œuvres que je cite ci-dessous. Je ne suis pas franche lectrice, et encore moins fidèle à la relecture – et pourtant, il y a de ces romans dont je ne peux me lasser – ils me réconfortent et me ramènent à un temps insouciant du passé, comme une madeleine de Proust. Dans ces œuvres, je n’éprouve aucune difficulté à replonger régulièrement !
#1 – Les contes du soir
Je vous ai toujours parlé de mon amour pour les histoires – je ne vous mentais pas. Depuis ma plus tendre enfance, les adultes ont toujours perçu en moi un esprit capable d’amener les mots à la vie, et me racontaient, presque chaque soir, une histoire. C’était bien là quelque chose qui me distinguait de mon frère, plus actif et pratique.
Du doux conte mettant en scène des animaux, à ceux plus crus d’Anderson et des frères Grimm, je ne boudais rien – tout était utile à assouvir les besoins de mon imagination, ainsi que de ma ferme volonté à vouloir très tôt comprendre le monde.
Au côté des contes, la Bible n’était également pas loin de m’émerveiller par ses scènes impossibles et mystiques. De ces récits aussi, j’en réclamais beaucoup, auprès cette fois de mes grands-parents. Comme les contes, ces récits étaient pour moi tout aussi vrais – ils vivaient, toujours dans mon esprit.
Tolkien fut fort pour mettre en mot ma toute candide pensée, dans une citation que je vous partage ci-dessous :
We have come from God, and inevitably the myths woven by us, though they contain error, will also reflect a splintered fragment of the true light, the eternal truth that is with God. Indeed only by myth-making, only by becoming ‘sub-creator’ and inventing stories, can Man aspire to the state of perfection that he knew before the Fall. Our myths may be misguided, but they steer however shakily towards the true harbour, while materialistic ‘progress’ leads only to a yawning abyss and the Iron Crown of the power of evil.
J.R.R Tolkien
#2 – Une cabane dans l’arbre
J’aimais les histoires, mais je n’aimais pas tant l’exercice de la lecture – ma mère ayant perçu tôt mes facilités, j’ai appris tôt, mais pas de la plus amusante des manières. Plutôt que de tenir des pages immobiles entre mes petites mains, j’aimais mieux aller courir !
Puis Mary Pope Osborn est venue bouleverser mon appréciation de la lecture. À 8 ans, ses histoires sur l’aventure de Tom et Léa et de la fameuse cabane magique à voyager le temps et l’espace furent les premières que j’acceptais volontiers de lire.
Non seulement ces histoires merveilleuses nourrissaient mon imaginaire – jusqu’à me charmer à produire mes propres récits sur cette cabane magique – mais elles m’enseignaient également sur bien des faits historiques, légendaires et planétaires. Tout autant que pour les histoires, j’avais développé, de part ma nature curieuse et ouverte, une soif sévère de connaissances. Les musées ne me suffisaient plus – je savais désormais que je pouvais apprendre aussi de romans.
C’est également à Mary Pope Osborn que je dois mon souci de faire de mes propres un roman un réel outil de réflexion.
#3 – Un prince en danger
J’avais 6 ans, lorsque j’ai découvert le Monde de Narnia pour la première fois sur écran, alors que le «Prince Caspian» sortait en salle de cinéma. Mon père, qui avait toujours été profondément touché par la série de livres – celle-ci l’ayant suivi même toute son enfance – tenait à partager ce monde avec sa fille.
Le film ne vous dira peut-être pas grand chose – mais il a su me marquer malgré tout, à mon jeune âge. Au delà de la technique et du jeu des acteurs, c’est cette entrée même dans l’univers si particulier de C.S Lewis qui m’a ébranlée. Cela me parlait.
Mon grand-père et mon père ont tour à tour tenté de me lire les romans en anglais, mais le temps était bien difficile à trouver pour le faire. Quelques années plus tard, je fus alors en mesure de mes les lire pour moi-même – encore une fois, sans regret. Cet univers m’interpellait toujours plus.
Il va sans dire que les adaptations ont grandement influencé certaines idées de mes romans, notamment sur ce fameux livre magique capable de mener les personnages vers un monde aux feuilles éternellement tombantes…
Aujourd’hui, il m’interpelle encore. Lorsque j’ai besoin du réconfort des vérités que C.S Lewis dresse, je ne peux me refuser de reprendre ces bouquins en main.
#4 – Une aventure de taille
Idem pour cette fameuse saga du « Seigneur des Anneaux » : si je ne suis parvenue à me plonger réellement dans cette lecture que bien plus tard, ayant longtemps été dégoûtée par le fanatisme que l’œuvre de Tolkien avait pu susciter, ce sont d’abord ses adaptations qui ont nourri mon imaginaire.
Comme Narnia, il ne fait aucun doute que les écrits de Tolkien fassent partie de la « culture familiale » : dès leur sortie, mes aïeux se le procuraient ! Et comment… qui ne pourrait donc pas tomber sous le charme de l’univers riche et de la plume superbe de Tolkien ?
L’humour a fait que, en relisant dernièrement les textes, je me rendis soudainement compte de certaines similitudes avec des détails de mes propres romans – écrits alors même que je ne me souvenais plus tout à fait de la trame du « Seigneur des Anneaux » ! Le cerveau se nourrit de tout, que nous en prenions conscience ou non – et tout ce que nous écrivons n’est qu’un reste de ce qui a déjà été.
#5 – Une table ronde
Un autre univers de grande influence sont certainement tous les récits issus des légendes arthuriennes… ces aventures chevaleresques au sein de la forêt enchantée de Brocéliande, à la rencontre de créatures toutes plus étonnantes les unes que les autres… et aux portraits si vrai de simples êtres humains.
Cet attrait pour les histoires du haut moyen-âge a commencé avec mes découvertes de ruines, également chargées d’histoires – depuis toute petite, j’ai grandi une passion pour les châteaux forts, que je ne manquais jamais de voir à tout lieu de vacances. Encore aujourd’hui, il m’arrive de rêver et d’imaginer des histoires et d’autres en ces lieux si lointains dans le temps… L’intrigue me prend, est plus forte que moi : savoir que bien des siècles auparavant, une autre main aurait pu toucher la même pierre et seulement vivre, comme moi.
Les légendes arthuriennes sont bien loin des faits historiques – pourtant, ils laissent une porte ouverte à un possible, par l’imagination. Comme les mythes, les légendes offrent du vrai – quelque chose avec lequel nous pourrons toujours nous identifier, quoique purement de l’imagination.
Finalement, n’est-ce pas cela la vraie quête du graal : trouver la vérité, même lorsqu’elle n’a pas lieu d’être ?
#6 – Là où tout commence mal…
Certes – encore une fois, j’ai passé la porte de cet univers par une adaptation cinématographique, mais celle-ci n’a su me marquer aussi intimement que le firent les livres. Je me souviens particulièrement du jour où j’ai fait le premier pas de me saisir de ces livres, alors même que je n’étais pas encore franche lectrice – rappelez-vous, je ne lisais que de rares livres, dont la liste est essentiellement composée des œuvres de Mary Pope Osborn.
Le livre reposait sur l’étagère d’une bibliothèque et m’appelait – il me susurrait à l’oreille tous les trésors qu’il regorgeait pour moi. Et cette lecture, quoique terrible, ne me mentait pas.
Non seulement d’une plume ingénieuse, « Les Désastreuses aventures des orphelins Baudelaire » de Lemony Snicket dépeignaient une réalité que je pensais seule à pouvoir voir – une profondeur de la vie et des êtres humains que je ne retrouvais que chez peu de monde. Cette série de livres a été ma première expérience d’un sentiment de réelle connexion par la lecture.
Bien des années plus tard, quel plaisir de découvrir l’adaptation télévisée, écrite par le même auteur, pour me replonger dans cet étrange et effroyable univers du fait de son ton de vérité… Pour une fois, une adaptation n’aurait pu être mieux réussie.
#7 – Perdu dans la forêt
Enfin, j’aimerais rendre hommage à un roman graphique en noir et blanc, la saga Bone de Jeff Smith, composée de 11 tomes et datant du tout début des années 2000 (ainsi donc de ma génération…)
Assez drôlement, je l’ai d’abord découvert via une adaptation du premier tome sous forme de jeu PC – l’histoire, comique et entraînante, me plaisait tellement qu’il me tardait de connaître la suite et je n’ai eu d’autre choix que de partir en quête de ces fameuses BD. Quoique destiné avant tout aux adultes, ce roman graphique était alors rangé dans la partie enfant de ma médiathèque municipale… et alors, quelle source d’imagination !
Il y aurait beaucoup à en dire (ce qui pourrait se faire dans un autre article), mais je considère ce roman comme une œuvre majeure de la fantasy, d’une richesse sans égale. Drôle, original, sans excéder les limites de nos attentes, Bone est un bon exemple à tirer dans la bonne formation d’une intrigue captivante, tant pour les auteurs que les dessinateurs de BD ! Sans compter que l’œuvre est tout autant là pour nous divertir que nous faire réfléchir…
Les influences sont encore nombreuses, mais je pense avoir résumé ici le principal. Assez drôlement, on remarque avant tout l’influence d’adaptations… qui viendraient avant l’œuvre, sans jamais toutefois la surpasser. Quelles sont celles qui ont marqué l’univers de votre enfance ?
